L'histoire :
Lors du grand cataclysme le continent a été disloqué et recouvert par les flots. Quelques survivants ont néanmoins survécu en développant leur civilisation sur des morceaux de terres volcaniques, flottant à la dérive comme autant d’îles sur l’océan. Sur la dérivante de Bourne, Papille, une fillette, vit avec sa mère Ama, unijambiste, et son oncle Arvèche, alcoolique, depuis que le papa a été mobilisé par un conflit armé. Ils tiennent une taverne, ce qui n’est pas pour améliorer le caractère du violent tonton, également « mestrilôte » (bourgmestre) local. Ce dernier dépasse les bornes lorsqu’il impose à Ama de l’épouser contre son gré. L’époux de cette dernière est absent depuis trop longtemps pour qu’il subsiste un quelconque espoir de le revoir un jour vivant. Ama fait mine d’accepter son sort, mais prépare sa fuite. Le soir des fiançailles, elle met une drogue dans les mets des convives et prend la tangente avec Papille. Toutes deux traversent le lagon de Plique, jusqu’à la vallée minière de Pasticore. Là, elles trouvent refuge chez Paquemine, la sœur d’Ama. Elles espèrent obtenir la protection officielle de Rolphène, devenu Mestrilien (Seigneur) lorsque son frère Garphène a subi le souffle du dragon et qu’il a perdu la raison…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nouvelle série, Les dérivantes présente d’emblée un univers légendaire sympathique et plein de fraîcheur, mais peu original au regard de la pléthore « fantaisyste » actuelle (cf. la collection Terres de légende de Delcourt ou les séries de chez Soleil). Le cadre de ces îles flottantes (rien à voir avec le dessert éponyme), pourtant peu explicité, est néanmoins un aspect propice à de nombreux développements. Les personnages sont alors confrontés eux aussi à des situations relativement conventionnelles : un tyran familial, un exode forcé, un refuge politique qui tourne mal. Dommage que ce châssis manque tant d’originalité, car la bonhomie du ton est véritablement séduisante. L’intrigue épurée séduira donc un public plutôt jeune et/ou peu rompu aux narrations stéréotypées. Pour ceux-là, Papille est adorable, Ama impose la compassion et dans ces conditions, le quiproquo qui mène à leurs tracas aboutit à un sévère sentiment d’injustice. Les autres s’attendent au retour du papa (qui évidemment n’est pas mort) et à la banale affirmation d’une jeune héroïne courageuse. Le dessin de Laurand, auteur complet pour qui ces Dérivantes constituent un premier album prometteur, contribue pour beaucoup à cette sensation de fraîcheur. D’emblée très maîtrisé, son graphisme limpide allié aux couleurs lumineuses de Delphine Rieu, concourent à rendre cette mise en bouche plaisante et divertissante…