L'histoire :
En 2064, Los Angeles, tout comme le reste du monde, a bien changé… Pour une raison inconnue (il n’y a plus de place en enfer ?), les morts sortent des tombes les uns après les autres. Devant l’accroissement de la population des morts-vivants (35% de la population totale !), le gouvernement a du légiférer et les vivants doivent désormais cohabiter avec les cadavres écervelés de leurs ancêtres. Cela n’empêche nullement la « civilisation » de continuer son petit bonhomme de chemin, comme si de rien n’était… A part bien sûr l’odeur épouvantable que les zombies dégagent. Des prédicateurs annoncent même le retour du Christ ! Mais c’est loin d’être évident, vu ce qui peut rester d’un cadavre vieux de plus de 2000 ans. En attendant, les affaires de Karl Neard et de sa sœur Maggie, prospèrent : ils sont chasseurs ou incinérateurs de zombie, selon la demande. Boutonneux, anarchiste, affublé d’une tenue de Safari, Karl déteste sa sœur et l’ordre social en général…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Caché derrière un titre et une couverture qui font hommage aux séries B des années cinquante (du genre l’invasion des tomates tueuses venues de l’espace), voilà un premier tome diablement original et provocateur. D’ordinaire dans les histoires de morts-vivants, ces derniers cherchent à croquer les vivants. Ici, les zombies sont plutôt pacifiques, bien que leur état végétatif génère quantité de nuisances épouvantables (c’est la moindre des choses dans une histoire de zombies !). Au scénario, le belgo-américain Jerry Frissen a concocté quatre histoires courtes plus cyniques qu’horrifiantes, mais surtout à 200% politiquement incorrectes. Des « faits divers crépusculaires comme il s’en déroule des centaines chaque jour à Los Angeles en 2064… », comme le résume à chaque fois l’épilogue. Illustré par le trait crado-réaliste de Guy Davis, dessinateur de comics américains, Frissen secoue le cocotier de nos sociétés bien rangées, avec un humour au second degré (voire au 17e) et une bonne dose d’anarchie. Karl Neard, personnage pourtant introverti, conclue par une tirade anarchiste qui synthétise à elle seule le nihilisme de l’album. Cet humour punk-gore sera diversement apprécié, mais pour les adeptes, c’est vraiment jubilatoire.