L'histoire :
Anghjulina Petrucci est une jeune fille sage et serviable, au service de Paola Albertini, l’épouse handicapée d’Antoine Albertini, un ponte de la mafia corse, propriétaire d’un club de vacances. Ce jour-là, alors qu’elle a terminé son service, Albertini lui demande un service spécial : apporter un sac en toute discrétion à son associé, Jean-Baptiste Battesti. Disciplinée, Anghjulina accepte et prend la route. Mais dans un virage d’une route de campagne escarpée, sa bouteille d’eau lui échappe et… le volant aussi. Le véhicule plonge dans un ravin et fait des tonneaux jusqu’à atterrir sur le toit dans une clairière. Un couple de paysans locaux, les Simonetti, entendent le crash et se précipitent. Ils découvrent la jeune femme inconsciente, en sang, dans l’habitacle de la voiture cabossée. Ils découvrent aussi le contenu du sac renversé au sol : des dizaines de liasses d’argent liquide ! Ils décident de ne pas trop s’inquiéter du sort de la jeune femme, sans doute morte, et d’empocher l’argent, ni vu ni connu. Mais Anghjulina reprend ses esprits. Michel Simonetti l’assomme, le temps de réfléchir à la meilleure solution. C’est trop tard, elle les a vus ! Il leur faut la tuer ! Dans un premier temps, ils ramassent l’argent et embarquent le corps. Ils l’installent sur un vieux lit dans une pièce fermée de la cave. La disparition inquiétante d’Anghjulina fait l’objet d’un article de presse le lendemain. Article que l’inspectrice Louise Beauvoir découvre au petit-déjeuner, alors qu’elle est en vacances avec sa fille dans les Alpes. La photo d’Anghjulina lui évoque immédiatement une autre disparition qui l’obsède depuis 7 ans. Elle appelle aussitôt sa hiérarchie et réclame d’être mise sur l’affaire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette Disparition en corse inaugure une chouette nouvelle série d’enquêtes policières menées par une inspectrice de gendarmerie capée et opiniâtre, Louise Beauvoir. Chaque album constituera une aventure auto-conclusive, encrée à chaque fois dans un terroir différent, avec l’investigatrice pour fil rouge. Ce premier tome est co-scénarisé par Bruno Lecigne, vétéran de la BD rompu aux polars, mais aussi par Jacques Bastier, authentique ancien général de gendarmerie. Ces deux-là ont déjà travaillé ensemble pour la série TV Enquêtes réservées – et d’ailleurs le concept de Louise Beauvoir était initialement conçu pour la TV. Leur expérience commune aboutit à une première enquête particulièrement dense et prenante, de 92 planches, qui montre à la fois un souci de réalisme dans les détails, un soin particulier sur la psychologie des personnages, les dialogues et un savoir-faire dans le rythme narratif, la gestion froide des séquences et des révélations. Une fois résolue, cette affaire de disparition est somme toute classique… mais les amateurs de polars se seront volontiers laissé immerger dans le suspens. Le personnage de Louise Beauvoir en lui-même, gendarme sagace, volontaire et mère célibataire d’une ado, est bien défini et attachant. Les autres personnages sont tout aussi crédibles, par leur rusticité ou leurs sales magouilles. L’ensemble est graphiquement emballé-ficelé par les talents artistiques réalistes de l’italien Toni Cittadini et les couleurs de Céline Labriet. La part-belle est faite aux décors, plus qu’aux faciès des personnages, souvent tendus dans les traits.
