L'histoire :
1940, Mandalay, Birmanie sous occupation britannique… Lance et Alex Waters, des frères jumeaux, fils du gouverneur de la colonie, voient leurs destins basculer lorsque les mouvements étudiants indépendantistes prennent de l’ampleur dans le pays. En effet, tandis que le premier, lieutenant de l’armée, participe à la répression sanglante ordonnée par son père, le second, amoureux d’une birmane, prend fait et cause pour les rebelles. Gravement malade, Alex est soigné par Leng, un puissant mage, héritier du pouvoir ancestral des 3 miroirs, qui, plus que lui fournir des soins, lui transmet des dons surnaturels. Bientôt, le jeune homme les exploite pour la cause indépendantiste, quitte à les utiliser contre ses propres parents. Débute alors une lutte à distance entre les 2 frères. Alex semble disposer, grâce à ses pouvoirs conjugués à la magie de Leng, d’un net avantage : feu, glace, nuées d’insectes, morts-vivants amenuisent rapidement l’espoir d’un succès britannique. Loin de se décourager cependant, Lance s’enfonce dans la jungle pour retrouver son frère… Le temps passe et l’armée japonaise, aidée par Alex Waters, entre dans la partie pour assoir un peu plus la défaite anglaise. Lance, qui a enfin compris que son frère participait activement au combat du côté des rebelles, continue d’obéir aux ordres, en assurant la sécurité d’un hôpital chargé d’accueillir les blessés avant le retrait complet et humiliant des dernières troupes. Néanmoins, il est loin d’avoir dit son dernier mot : la partie n’est pas jouée… ni pour Alex, ni pour Leng, d’ailleurs plus manipulateur que jamais.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec Mandalay, Philippe Thirault fait la démonstration de son imagination féconde et parfaitement calibrée pour le scénario. L’idée d’opposer (?) deux jumeaux n’est certes pas originale, mais la saler d’une pincée d’exotisme birman sur fond de guerre d’indépendance, de rivalités amoureuses, de quelques légendes, puis de l’épicer d’une judicieuse dose de fantastique, emporte l’adhésion. L’ensemble se mettant toujours au service de l’action, c’est tout naturellement que, sans pour autant relever le gant du « jamais vu », on se laisse agréablement porter par la série. Néanmoins, le contexte du récit s’étant vu bien exposé, globalement et relativement, dés Les miroirs de l’ombre, on s’impatiente depuis lors, à trouver dans la suite un réel intérêt. Ce 3e opus en est le meilleur exemple, en ce qu’il utilise 46 planches pour peu de nouveautés. Pire encore : l’élément fantastique est cette fois très rarement mis en scène. En faisant quelques mystères (empoisonnement, bébé, mission de la dernière chance…) ou en tentant de renverser notre empathie (pour l’un ou l’autre des frères) Philippe Thirault continue de baliser son final. Franchement, l’idée de départ méritait mieux. On peut imaginer, d’ailleurs, qu’une grosse centaine de pages aurait suffi. Toujours un peu égal à lui-même, le dessin réaliste reste élégant et dynamique, correctement mis en couleur et toujours étonnamment capable de se faire tout aussi « rapide » que détaillé. Nos regards se tournent désormais vers la conclusion, en souhaitant qu’elle nous étonne, nous surprenne et nous cloue le bec à jamais.