L'histoire :
Mars 2478. Après des années d’espoir fébrile, les oracles ont enfin identifié le nouveau messie qui libèrera des milliards d’opprimés de l’empire tyrannique qui régit la galaxie en société de caste. Il s’agit d’une adolescente aux cheveux roses appelée Miranda, étudiante en sciences mécaniques. La résistance a aussitôt essayé de l’approcher, mais il était déjà trop tard : grâce à son agent infiltré, l’empire a eu vent de l’identité de Miranda. Plutôt que d’en faire une martyre en la tuant, l’empereur a préféré la rallier à sa cause en lui attribuant une bourse providentielle, sensée récompenser sa rigueur universitaire, et en lui accordant le privilège exceptionnel de « citoyenne ». Miranda intègre donc sa nouvelle école, sur la planète raffinée Nouvelle Rome… mais elle n’est guère emballée par sa nouvelle vie, par trop encadrée et éloignée de ses racines. Elle est alors « interceptée » par les membres de la résistance, qui se sont adjoints les services du dépravé et sulfureux Sonneillon, mutant humain croisé avec une race alien, les néréides. Lors de l’opération d’« extraction » de Miranda, Sonneillon prouve d’ailleurs de manière spectaculaire ses pouvoirs psy, mais il finit la mission exténué. Tandis qu’il se régénère, les membres de la résistance parviennent à quitter la Nouvelle Rome à bord de l’Orlando, un cargo endommagé, en se dissimulant dans le titanesque sillage d’un vaisseau Seuilmax. Leur destination : Titus, lune minière en orbite de la planète Silésie, où ils espèrent pouvoir réparer de leurs avaries…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Messiah Complex apporte un peu de fraîcheur dans un panorama de SF en BD qui a tendance à abuser des sentiers battus. Le seul bémol que l’on peut émettre à l’égard de ce space opéra vient sans doute du manque d’originalité de son synopsis. En effet, une fois de plus, une prophétie et une élue sont à l’origine d’une saga tolkieno-starwarsienne, dans un contexte futuriste néanmoins séduisant. Car pour le reste, on se régale ! A la fin du tome 1, nous avions abandonné Miranda et Sonneillon en fâcheuse posture, en pleine chute libre… les choses repartent à 200 à l’heure, avec une accroche infernale (« Est-ce qu’on va mourir ? » « Oui. »). La suite se calme cependant et s’oriente plutôt vers un épisode de transition, servant essentiellement à consolider le décorum fantastique et conforter les lecteurs dans les fondamentaux de l’univers imaginé par la scénariste Alex de Campi. Mais qui dit transition ne dit pas forcément stagnation, à l’instar de l’Empire contre-attaque épisode plébiscité par les fans de la saga de George Lucas. Les personnages montrent une véritable profondeur psychologique, à l’image de Sonneillon, héros dépravé et tourmenté, ou du fils de l’empereur Constantin qui rejette sa condition, et sur lequel le focus est porté. Parions d’ailleurs que ce dernier ne devrait pas tarder à croiser la route de Miranda… Au dessin, Eduardo Ocaña livre une partition réaliste toujours très détaillée, empruntant un rythme impeccable. La moindre case fait l’objet de décors travaillés, grouillants de détails, et on ne compte plus les plans futuristes à grand spectacle (les hauteurs urbaines de la Nouvelle Rome, l’envol du vaisseau impérial Bucintoro, l’open space de pilotage, le palais de Silésie et ses souterrains…). En outre, les petites erreurs de découpage du tome 1 ont été gommées et ce second volet est parfaitement limpide. Espérons que cette double mise en bouche confirmera ces qualités dans de nombreux épisodes à venir…