L'histoire :
En l’an 5757, au terme de siècles, de millénaires de découvertes scientifiques pointues et de guerres inter-mondes, l’humanité a conquis l’univers. Une frange de l’humanité s’en est même rendue maître. L’empire sapiens, à la tête duquel se trouvent l’Extra-Régent Amarcord Thesol et sa famille, contrôle désormais 530 milliards d’êtres intelligents, répartis en 123 espèces non-humaines, considérées comme esclaves. Les Thesol ont acquis ce trône en terrassant leurs rivaux, les Khelek, lors de luttes entre « metalnauts », des machines de combat dans lesquelles les chevaliers humains projettent leurs consciences. Les quelques survivants de la dynastie vaincue ont été déportés sur Tazma, une lune inhabitée, glacée et quasiment dépourvue d’air respirable de Shodu Prima, la planète impériale. Les quelques dizaines d’humains y survivent asservis, au sein d’un réseau de grottes sous la surface, dont l’entrée est sécurisée par une sorte de complexe militaire. Cette infrastructure en béton sert de quai d’échange lorsque les metalnauts des Thesol viennent prendre livraison de la production d’algues, des commandes sans cesse plus exigeantes et impossibles à tenir. Le vieux prince Baltar, descendant des Khelek, en a conscience. Il peine à ménager le vent de révolte au sein de sa « famille » et parlemente beaucoup avec le chef Ba-Kom des Lektars, l’espèce alien autochtone de la lune qui sert d’intermédiaire entre les humains et Malathon, commandant cruel projeté dans un metalnaut…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour les Humanoïdes Associés, l’américain Sam Timel a déjà scénarisé Milan K et Redhand. Après un gap de 10 ans, le revoilà avec cette fresque de science-fiction ambitieuse et originale. L’intrigue géopolitique et martiale de Sapiens imperium se déroule en effet dans un avenir suffisamment lointain pour que nos repères spatiaux-temporels et technologiques soient bouleversés. Dans une conjoncture shakespearienne, une dynastie humaine en a asservi une autre, qui se met logiquement à se révolter. Sur le plan de la mécanique narrative, c’est certes relativement académique, mais l’univers est suffisamment cohérent et étendu pour que ça fonctionne – un cahier spécial en fin d’album revient d’ailleurs sur la chronologie de plus de 3700 ans de guerres galactiques, qui ont abouti au contexte de départ. Il y a tout ce que le registre de la SF réclame : des paysages et panoramas monumentaux, des pouvoirs psy (chez les Lektars), des outils technologiques excitants, au premier rang desquels des robots combattent en avatars des humains. Xinthia, une belle jeune femme, héritière de l’humanité (au sens vertueux du terme), fait office d’héroïne et s’allie avec un beau jeune homme, héritier de la famille rivale, pour une happy end pleine de rebondissements, de combats et de coups du sort en 112 planches (l’équivalent de deux albums). Chic : cette histoire fait office de « premier cycle », nous indique une petite ligne en bas de dernière planche. Le dessinateur « couteau-suisse » Jorge Miguel déroule quant à lui la griffe à la fois réaliste, rapide et maîtrisée, qui donne l’envergure utile et agréable à cette saga.
