L'histoire :
Réduits en esclavage par les mutants, les Rouges étaient pourtant les derniers descendants des hommes venus des étoiles. Aujourd’hui, la bataille de Tilleul allait décider à nouveau de leur sort. Resteraient-ils soumis ? Infiniment plus nombreux, ils combattent en revanche à pied et torse nu, sans protection ni épée quand les lames de leurs ennemis, les Verts, fendent les flots de révoltés. Juchés sur leurs destriers, les maîtres de la terre maîtrisent en plus la magie. Et lorsque leur chef esseulé et submergé appelle son fils Djellal à la rescousse, ses compagnons forment un cercle et invoquant la Nature font apparaître des dragons qui renversent la situation : la bataille est perdue pour les Rouges qui resteront esclaves, comme toutes les autres batailles l’avaient aussi décidées. Néanmoins la victoire est amère pour les Verts. De retour en sa ville de Rauluis, sentant sa fin venir, le roi Jaurémon organise sa succession et désigne son bâtard Djellal, né de ses amours coupables avec une belle esclave qui mourut en enfantant (une Serv ne pouvant survivre à la semence d’un Vert). Ce choix révulse Abélan, frère de Jaurémon qui se voyait déjà arrivé. En guise de serment d’allégeance, le fourbe « pur sang » jure sur les rêves et l’Arbre-roi la perte du sang-mêlé…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au royaume de la S.F., l’écologie est reine. Corollaire direct du développement durable des sociétés humaines, elle est aujourd’hui plus que jamais d’actualité (cf. le film catastrophe d’Al Gore, Une vérité qui dérange sur le réchauffement global). Inspiré du roman quasi-éponyme de Julia Verlanger, D’un lieu lointain nommé Soltrois, Soltrois imagine la coexistence de deux races humaines, dont l’une aurait dégénérée et asservie l’autre, sur une planète anciennement colonisée. La branche supérieure des Verts serait née d’une symbiose retrouvée avec la Nature alors que l’autre, celle originelle des Rouges, bien qu’infiniment plus nombreuse, serait demeurée faible et dénuée de magie. Ajoutons qu’à la lecture, un troisième acteur se profile : connu de seuls quelques initiés, il se contente pour le moment d’observer le drame du haut des étoiles (en fait, de son vaisseau spatial dans l’espace). En phase avec la thématique narrative, le dessin paraît très « vert ». Rapport à la colorisation (très réussie) bien sûr, à dominante donc verdâtre mais aussi rougeâtre (au-delà de la seconde race d’esclaves, un ton classique S.F. puisque assimilé à la planète Mars). Rapport aussi à la sûreté du trait qui peut encore progresser. De qualité, attrayant et dynamique, ce dernier pêche parfois encore en justesse, en proportions ou dans la composition des cases. Néanmoins, il assure et promet ! Tous les ingrédients d’un excellent conte épique semblent réunis : un chevalier, un usurpateur, une princesse et des rivales, une puissante magie, un environnement dépaysant, etc… Un tableau d’ensemble qui n’est pas sans rappeler Lanfeust (l’humour déconnant en moins). Et puisque Space Opéra il y aura, ce tome d’exposition Dans les rêves de l’Arbre-roi ouvre des horizons certains : à suivre…