L'histoire :
Spencer est un jeune shérif nommé dans une ville rurale du nord des Etats-Unis. L’épais manteau blanc neigeux qui recouvre la région ne perturbe pas la vie quotidienne de ses concitoyens, coutumiers des rudesses de l’hiver. Tout en se préparant un café, un pansement sur le front, Spencer repense à la nuit tourmentée qu’il vient de passer. Intervenu pour stopper une bagarre d’alcooliques, il a valdingué à deux reprises par la porte d’un saloon. Ce matin, les trois fauteurs de trouble émergent de leur gueule de bois derrière les barreaux, au fond de son bureau. Soudain, déboule dans son bureau le directeur de l’usine locale, très mécontent de ne pas voir ses gars au boulot. Les tractations pour les récupérer se murent rapidement dans une impasse : ils sont allés trop loin, Spencer fera son job jusqu’au bout. Peu importe, l’homme en colère claque la porte et va débaucher le maire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il est marrant ce shérif Spencer. Il ne paye pas de mine, reste d’une placidité à la limite de l’indifférence et s’efforce juste de faire son boulot, tant bien que mal. Il ne dit mot pendant plusieurs pages et puis tout à coup, il assène une maxime du type « on casse pas le thermomètre pour régler le problème du froid » ou « on sait jamais quand c’est assez ; on le sait seulement quand c’est plus qu’assez ». Wouah. Ça force le respect. A l’issue de l’album, on ignore toujours si l’application de ses principes est dictée par le courage ou par un brin de folie. Mais dans un monde consensuel, ça fait du bien de voir un type aller jusqu’au bout. Ce petit fonctionnaire zélé, à la fois ingénu et courageux, est le fil directeur de la chronique sociale scénarisée par Pierre Wazem (Koma). Le dessin en noir et blanc d’Aubin est sobre et efficace. Edité en petit format dans la collection Tohu Bohu, ce one-shot ressemble à son héros : il ne paye pas de mine, et va « jusqu’au bout ».