L'histoire :
Le plus ancien souvenir de Riquet est très lointain. Bébé, il occupe le plus clair de son temps à traîner dans le couloir en essayant de prononcer son propre prénom. Il se rappelle formuler des pensées abstraites qui servent à classer les éléments clés de son environnement. Le monde est peuplé d’êtres gigantesques qu’il trouve bizarres. Ils le regardent souvent tout en produisant des bruits entre eux. Ils disparaissent et reviennent dans le monde grâce à un trou rectangulaire qui l’intrigue énormément. Au bout d’un moment, on l’emmène aussi hors du monde. Cela lui fait très peur. Au fur et à mesure, il commence à discerner les visages des bizarres qui l’entourent. Il n’y a que trois personnes qui habitent son petit monde : son frère, sa sœur et sa mère. Il y a un dernier bizarre qui habite avec eux. Son visage change souvent. Parfois, il prend sa mère dans ses bras et son visage est paisible. Mais soudain, il peut aussi rentrer dans des colères imprévisibles. Il porte toujours les mêmes vêtements. Il fait peur à Riquet avec sa grosse voix...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Théo Grosjean s’est librement inspiré de souvenirs d’enfance pour créer cette fiction prévue en 3 tomes. Dans ce récit, il évoque l’enfance de Riquet durant les années 90 qui a grandi au sein d’une caserne de gendarmerie de la banlieue de Grenoble. Le petit Riquet évolue et se construit dans ce milieu un peu fermé où certains gendarmes véhiculent des préjugés racistes et des valeurs patriarcales. Leurs jeunes enfants vont s’en imprégner et parfois les reproduire dans la cour d’école. Au sein de la famille, ce n’est pas tout le temps la joie ! Riquet perçoit bien que ses parents sont différents l’un de l’autre et qu’ils ne sont pas épanouis, voire même en souffrance dans leur couple. Riquet qui est d’un naturel flippé avec une imagination fertile. Il se retrouve coincé entre un père inquiétant, grotesque avec ses armes et une mère très pieuse qui est quant à elle vulnérable. Pour illustrer le père de famille, Théo Grosjean le représente avec une tête de dés polyédrique aux expressions différentes pour chaque face, ce qui renforce le caractère imprévisible du personnage. Théo Grosjean offre un récit à la fois marqué par un humour grinçant, mais aussi sensible de par les questionnements ou les angoisses de Riquet. Avec un regard et des mots d’enfant parfois naïfs, la narration donne une authenticité touchante à cette histoire. Au regard de la forme du récit et des thématiques abordées, il n’y a rien de surprenant que ce livre soit édité dans la maison d’édition de Riad Sattouf.