L'histoire :
Un compositeur fou prépare une mélodie mortelle. Et c’est une petite souris blanche qui va, la première, faire les frais de sa funeste musique. Jouissant de son succès, le musicien va préparer une grande messe symphonique pour partager son hymne. Appâté par le spectacle et le buffet offert, tout le village fait le déplacement chez l’artiste. Le virtuose joue de tout son art et de sa maîtrise, afin de susciter la réaction chez son auditoire. Le public applaudit tout d’abord timidement, puis avec de plus en plus d’entrain. Mais personne ne succombe à son récital. Le soliste se contrarie, tape et frappe de rage son instrument. C’est cette insistance qui va finalement faire céder le maestro…
Une huitre perlière, perchée sur un rocher, va se faire capturer par un corbeau. Avalée gloutonnement en haut d’une tour par le volatile, le bivalve va laisser échapper sa précieuse progéniture. La perle tombe du building et atterrit sur la tête d’un passant. Apercevant la perle sur son chapeau, l’homme hurle dans la rue sa richesse nouvelle. Mais bien mal lui en prend…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cet ouvrage, premier de l’illustrateur-tatoueur Aurélio, est un recueil d’une dizaine d’histoires. Le petit monde que l’auteur se construit et partage dans ce livre est perturbant, dérangeant mais beau. Tout comme dans l’univers du célèbre cinéaste Tim Burton, Aurélio sait rendre attirant et attachant le plus vilain de ses héros. L’exemple le plus frappant est son personnage du rejeton double, un homme à deux têtes, qui est bizarrement captivant. Le dessin est recherché, percutant mais quelquefois un peu chargé. Esthétiquement, l’histoire de pirates Le trésor de la Baleine est sans aucun doute la plus réussie, portée par son bel encrage bleu profond. D’ailleurs, chacune de ces fables possède sa propre charte de couleur. L’idée est bonne, car elle permet au lecteur de s’imprégner plus facilement de l’histoire. Le changement de récit et de couleur est toujours accompagné d’une page illustrée, agrémentée du titre. Cette petite pause dans la narration est agréable, et aide à lire en picorant cette bande dessinée. Soulignons la sublime couverture de ce volume, représentant un visage magnifiquement monstrueux d’ou sort une multitude de petites bestioles. Pléthore de cancrelats, papillons, et larves en tout genre qui ne sont pas sans rappeler les tatouages au bras de l’auteur. Un premier livre de bonne facture et la découverte d’un artiste à surveiller.