L'histoire :
Au commencement – on connait la rengaine – Dieu créa les cieux, la lumière, la terre, etc, jusqu’à l’humanité. Dans un coin du jardin d’Eden, Adam copule avec une femme. Lui comme elle prennent beaucoup de plaisir. Mais elle choisit à un moment de changer de position et de passer par-dessus, afin d’accroître ce plaisir. Ils mènent leur affaire jusqu’à son terme, mais Adam n’est pas ravi. Il préfèrerait, la prochaine fois, rester au-dessus afin de « garder le contrôle ». Etant donné que la femme se moque un peu de cette domination illusoire, Adam se perd en explication fumeuses et il la prénomme Lilith. Lilith n’est pas contente et elle hèle Yhvh. Aïe aïe aïe, invoquer l’ineffable, c’est interdit ! Des ailes poussent dans le dos de Lilith qui se barre en s’envolant dans le tumulte d’un orage bien gris. Dieu envoie alors trois anges pour tenter de raisonner Lilith. Mais le choix de liberté de Lilith est fait : elle se jette dans les vagues et sacrifie toute sa progéniture en la noyant sitôt accouchée. Dans son coin, Adam est tout triste. Alors Dieu recommence la création de la femme en divisant Adam en deux. Adam est de fait beaucoup moins musclé après ça. La femme, quant à elle, est beaucoup plus soumise. Et aussi plus coquine. En fait, pour être clair, c’est même une sacrée chaudasse…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour satisfaire au cahier des charges de la collection BD Cul – qu’on pourrait résumer par : carte blanche pour une BD oùc’qu’y a du cul – Aude Picault ne sombre pas dans la gauloiserie triviale et stérile. Elle ne se départit certes pas de scènes tout à fait explicites, mais son dessin stylisé limite tout de même pas mal la libido des voyeurs excités du bulbe. Surtout, elle propose carrément une relecture du mythe fondateur de la création, avec tous ses célèbres acteurs légendaires : Adam, Eve, Dieu (Yhvh !), le serpent, la pomme devenue poire (oui, ça change…). Mais aussi et surtout avec Lilith, la démone, maîtresse des sorcières et des mauvaises femmes ! Car c’est bien gentil la création, point de départ de toute vie, mais cela réclame en amont un acte sexuel… pour lequel il serait interdit de prendre du plaisir ?!! N'importe nawak ! Aude Picault nous explique que cela est potentiellement une erreur, en refondant la légende de Lilith, qui n’a peut-être pas eu tout à fait tort de vouloir conserver la liberté de jouir et son indépendance vis-à-vis de la gente masculine. Bref, Picault nous fait une transcription biblique loin d’être futile, parfaitement dans le ton de notre époque de libération féminine. En bref, du cul à la fois léger et profond : précisément ce qu’il faut pour prendre un max de plaisir.