L'histoire :
Flipper vit dans une banlieue ordinaire. Il passe ses journées à errer, à faire du skate, à jouer aux jeux vidéo et le plus souvent il rencontre ses potes : déconne et vannes à tout-va pour faire passer le temps. Il se trouve que Flipper a aussi en vue une certaine Laetitia, une nana très connue dans le tiéquar'. Il paraît qu'elle est hot et pas farouche. D'ailleurs, des rumeurs plus ou moins salaces circulent sur son compte. Il y est notamment question de tournantes, un truc un peu bizarre et d'héro, Laetitia serait accro. Sauf que Flipper, lui, est amoureux, romantique et timide, total in love, et ne croit pas trop à toutes ces histoires. Il rêve d'elle aussi la nuit, nue dans une piscine. Le soir, Laetitia danse une boîte, le Caramelo Club, où « "y paraît qu'y a que des Jacky et des pétasses ». Pas grave, Flipper est invité à passer la voir un soir, où elle doit se produire lors d'un strip…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La BD fait penser évidemment aux films dont le sujet porte sur les banlieues (La Haine ou Le ciel, les oiseaux et ta mère). Flipper Le Flippé : gros délire bancal de jeune ou portrait sombre de l'univers des banlieues ? Un peu des deux, sans doute, puisque outre la description de l'ennui et les sorties avec les potes, Morgan Navarro raconte aussi la difficulté de Flipper à exister dans un univers violent (dans les gestes, le langage), lui le romantique timide, souvent flippé, dans des quartiers où l'on pratique les snuff movies, les tournantes et où tout le monde trouve ça cool. On suit ainsi les premiers émois adolescents de ce gars timide et attachant, oscillant entre légèreté de ton et violence symbolique du quotidien. Reste que dans l'ensemble, l'auteur peine toutefois à réellement nous surprendre par sa narration, malgré des séquences franchement drôles. Il y a bien quelques scènes marquantes – les délires en boîte, les scènes d'amour entre Flipper et Laetitia pleines de grâce, les bastons rugueuses – mais hélas noyées dans un ensemble banal. Côté graphisme, les tronches d'animaux et le bestiaire anthropomorphe sont bien vus. Après, le trait, tremblant et sommaire, n'est toutefois guère très emballant. Dans cette réédition augmentée de deux histoires inédites de Flipper le flippé, Morgan Navarro posait donc les jalons de son univers, léger, délirant, bricolé, n'éludant pas une forme de gravité. Intéressant à défaut d'être passionnant.