L'histoire :
Une flèche en travers du crâne, Saint Franky nous accueille depuis son petit nuage céleste. Le patron des amateurs de houblon et de bandes dessinées propose de nous servir de guide pour un fantastique voyage au cœur de la Sainte Bible. Tout commença lorsque Dieu, dans son bleu de travail, peignit un beau jour la voûte étoilée, bâtit la terre, alluma la lumière, installa la plomberie, déroula le gazon, détacha de leur grille de plastique moulé les petits animaux qu’il décora à la main avec son petit pinceau à maquettes. Puis, avec la poussière qu’il restait du ménage, il façonna l’homme à son image, ce qui est assez balèze. Mais une fois qu’Adam (ah oui, l’homme s’appelait Adam) a eu fini de donner un nom différent à toutes les bestioles du jardin d’Eden, il s’emmerda ferme. Alors Dieu lui colla une partenaire, Eve, pour qu’il puisse jouer au badminton. Un poil plus tard, tous deux acceptèrent de croquer dans la pomme d’un serpent pernicieux, ce qui revenait à désobéir à Dieu. Aussitôt, leurs corps furent brûlants de désir et ils forniquèrent devant la caméra du serpent qui, en fait, vendait des films pornos sous le manteau aux innocents petits lapins du jardin d’Eden…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En 2008, Winshluss avait frappé fort avec son monumental Pinocchio… à tel point que l’ouvrage avait (carrément) décroché le fauve d’or du meilleur album à Angoulême (février 2009). Quelques rééditions et 5 années plus tard, le revoilà (enfin) avec un nouvel album, joyeusement anticlérical. Beaucoup de parodies pamphlétaires se sont pourtant déjà répandues sur la chose religieuses, qui a le mérite d’offrir moult aspérités dans lesquelles s’engouffrer (on pense à François Cavanna avec Les écritures et tout récemment encore, Philippe Geluck en BD avec sa Bible selon le Chat). Et pourtant, Winshluss trouve encore des dizaines de biais judicieux pour nous faire pouffer. Tantôt il joue du running-gag, tantôt c’est un dessin d’humour qui claque, tantôt une pleine page avec emphase (et des petits détails truculents), tantôt une fausse pub trash… Représenté en cyclope fumiste, le héros, Dieu, est omniprésent (logique) et il pigeonne les humains à tour-de-bras. Mais on croise aussi le fiston jaloux et obséquieux Jésus, l’archange secrétaire Gabriel, une Marie romantique à baffer et même Conan le barbare et Superman ! Découpé en autant de chapitres que de célèbres anecdotes bibliques (le péché originel, la création, la traversée de la mer rouge, la résurrection…), In god we trust se fiche donc dans les grandes largeurs du dogme biblique, avec une impertinence aussi rafraîchissante que jubilatoire. Cette entreprise de déconstruction méthodique du mythe catholique rendra malade plus d’une grenouille de bénitier. Amen.