L'histoire :
Un jeune curé débarque à Bourg-Saint-Guillaume pour quelques semaines de remplacement du vieux père Lucas, hospitalisé. Il est alors chaleureusement accueilli par sa bonne Suzanne, un véritable cordon-bleu. Puis un petit tour dans les rues lui permet de faire la connaissance d'une communauté de villageois souriants et étonnamment dévots. Pétri de bonnes intentions, notre bon curé est donc fin heureux. Vient ensuite l'heure de sa première mission d'homme d'Eglise : une femme l'attend dans le confessionnal. En professionnel compréhensif, il y écoute une inconnue lui avouer ses pulsions sexuelles, d'une folle obcénité... ce qui émoustille ses sens. Il ressort de là avec une érection monumentale, qui exhibe une grosse bosse sous sa soutane. Suzanne le remarque aussitôt et demeure circonspecte. Le lendemain, esseulé dans la nef de son église, le curé se flagelle en pénitence : il s'est fourré des orties dans le slip et demande le pardon à son Seigneur. Or un miracle se produit : le Christ en croix lui répond ! Il lui dit d'arrêter ses couillonneries, de se faire une bonne soupe avec les orties et de s'impliquer sans scrupule dans l'épanouissement sexuel de ses paroissiennes. Les femmes de Bourg-Saint-Maurice ont besoin d'amour ! Dubitatif mais obéissant, le curé va donc s'employer à respecter cette volonté...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La contribution de Guillaume Bouzard à la collection BD Cul des Requins Marteaux était attendue de longue date sur la planète BD. Le titre annoncé et osé de l'opuscule renforçait encore notre attente fébrile : La bibite à bon dieu ! Tout un programme, pour lequel on envisageait déjà un sommet sacrilège et anticlérical, susceptible d'exciter les plus ardents défenseurs d'une chrétienté martyrisée (quelle triste époque, ma brave dame). Hé bin même pas, mais on n'est pas déçu pour autant. Sans se départir de sa verve humoristique habituelle, véhiculée par un dessin simple, efficace et bidonnant, en noir et blanc, Bouzard raconte ici finalement une belle histoire, qui parvient au mariage improbable entre la foi et le cul. Ici, tout repose sur un principe religieux fondateur et central : « Dieu est amour ». Partant de là, il n'est pas totalement con de penser que le titillement du point G peut être considéré comme un acte d'amour. Dont acte, pour ce curé gentil et couillon, qui met son endurance sexuelle au service du bonheur de ses paroissiennes. Encouragé par Jésus himself, qui balaye d'emblée le principe étriqué de chasteté, l'habituel personnage alter-égo et auto-parodique de Bouzard prend dès lors sa mission particulièrement à cœur. Sa dévotion et l'amour de son prochain l'amènent à satisfaire tout le monde, les bonasses comme les boudins. Avec sa science de la mise en situation et de la réplique bien sentie, Bouzard alterne donc les séquences truculentes et les trous d'cul rapides (sic). Conclusion : faites l'amour, bon dieu de bon dieu !