L'histoire :
Il y a les copines. Celles qui viennent dévaliser le frigo quand les parents ne sont pas là. Les mêmes qui te tarabustent pour que tu leur trouves des trucs de cul à mater. Et puis toi, Virginie, qui leur file les magazines érotiques de ton père, au risque qu’elles aillent dire à tout le monde dans la cité qu’en plus d’être blanc, vous êtes des gros cochons… C’était plus simple avant hein ? Quand tu jouais les petits dictateurs en cour de récré. Quand les petites frustrations se résumaient à ne pas avoir sous le sapin le super-chouette « Magic Van » de Barbie. Quand deux oranges glissées sous un pull suffisaient à s’imaginer devenir femme… Mais la jeunesse se passe et l’adolescence a chassé ta belle assurance. Aujourd’hui, tu te tapes le rosbif du dimanche avec Tata. Tu t’ennuies en espérant que le beau Mathieu se fait autant chier que toi. Heureusement, il y a ta copine Nanou et la jungle du bahut…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le goût du paradis, c’est ce p’tit truc qui reste sur la langue. Un machin, un brin nostalgique, dont des années après, on recherche indéfiniment la saveur, sans jamais y parvenir vraiment. Nine Antico a, quant à elle, choisi de se mettre des souvenirs plein la bouche, histoire d’y goûter justement à nouveau. Ici, ce sont quelques tranches de son adolescence en banlieue auxquelles elle se cogne, sous la forme d’un exercice qui ressemble à un journal intime, avec des vignettes à bords ronds. Le ton est infiniment juste : Virginie (Nine) y parle franc et avec ses mirettes de gamine de 14 ans. Le superficiel côtoie alors le complexe, la réflexion douce-amère ou l’autodérision. On y parle des dimanches en famille, des premières boums, des poupées Barbie, de musique, de Benny Hill, de vacances en Italie… et puis évidemment des premiers émois sexuels ou amoureux. On y parle aussi beaucoup des autres, dans une parfaite transmission du sentiment, qui agissent, quand on est ado, comme de véritables petits miroirs de notre propre personnalité. Ainsi, notre petite Virginie traduit, par exemple, très bien sa difficulté d’être blanche (et pas trop nulle en classe) dans cette cité HLM bigarrée. Mais ce n’est là qu’un exemple. En effet, l’ensemble grouille et on respire l’adolescence à pleines narines, avec le recul suffisant pour en rire, content de retrouver dans ce petit livre un chouya de nous-même, qui nous fait du bien.