L'histoire :
La fondue galloise : Une fillette malmène une poussette dans son jardin. A l’intérieur, un pauvre chat déguisé en bébé doit supporter une flopée d’invectives. Par un étonnant transfert d’âme, ce chat, c’est David Sourdrille, qui a donc le privilège de pouvoir mâter sa maîtresse à chaque âge de sa vie. A 18 ans, alors que celle-ci s’apprête à offrir son gros fessier en dépucelage à un certain Jérôme, le chat fait une crise cardiaque et meurt. David Sourdrille se réveille sur un fauteuil médical, le crâne bourré d’électrodes. Les yeux de Dieu lui proposent aussitôt une autre zoo-incarnation. Sourdrille choisit vite la tortue, pour sa longévité. Il empresse son créateur de le renvoyer rapidement, tout excité de reprendre la scène précédemment abandonnée. Hélas, dans cette maison, les tortues doivent rester à l’extérieur. Sourdrille se réveille de ce rêve abominable, regrettant d’avoir abusé de la fondue la veille au soir.
L’âge bête : David Sourdrille, adulte, est occupé à disséquer une femme à poil dans sa chambre, lorsque ses parents, en bas, l’appellent pour manger la soupe. Agacé, il descend et râle avec une réaction épidermique et démesurée d’ado en pleine puberté. Il pose la tête ensanglantée de la meuf à côté de son assiette et boit sa soupe, tant qu’elle est bien chaude…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
David Sourdrille est un auteur ni célèbre, ni prolifique. Officiellement, il est surveillant de nuit dans un foyer d’hébergement pour déficients intellectuels. Officieusement, il publie des choses coquines, à compte d’auteur, à travers sa maison d’édition érotique La rouquine. Cet auteur à part est pourtant encensé par Robert Crumb, qui s’indigne qu’il soit si peu reconnu de ce côté de l’Atlantique. Evidemment, la frange underground de l’édition dans laquelle il œuvre, est par définition plutôt confidentielle… Dans Les icones malades, Sourdrille montre néanmoins toute l’étendue de son talent artistique et l’étendue de sa liberté. Ses encrages semi-réalistes soignés et détaillés se mettent au service d’introspections et divagations psychanalytiques souvent raccrochées à des considérations sexuelles ou sauvages. Libéré de la contrainte du propos, cet érotomaniaque met ainsi à nu ses fantasmes, laissant un onirisme subversif et intime guider ses histoires. Puis, comme pour se dédouaner de nous avoir emmenés dans les territoires foutraques de son esprit, il explique régulièrement, en fil rouge, avoir abusé de fondue galloise…Cet ouvrage recueille ainsi une vingtaine d’historiettes de une à douze planches, sur une centaine de page en noir et blanc, empruntant toutes la même démarche « librement inspirée de Windsor McCay ». Un détail du quotidien, un regard posé sur une paire de fesses peuvent ainsi être à l’origine d’un conte scabreux. Quelques perles sortent du lot, comme cet hallali féminin à travers la campagne, contre les différents « moi » nus et impuissants à échapper à la curée ; ou encore l’épopée justicière de Batmou (et Robinet)…