L'histoire :
Marlisou, une jeune toxico aux formes athlétiques improbables, croise son dealer Patrisson dans la rue, qui l’emmène dans son appart de luxe. Elle s’y injecte une bonne dose d’héro dans le bras. Puis, quitte à être camée, elle gaze Patrisson avec une bombe lacrymo et se tire avec son fric. Elle se réfugie dans un bar à nouilles, rapidement encerclé par la police. Marlisou enjambe les forces de polices et escalade le toit voisin. Mais les keufs ont un tank et tirent un obus. Marlisou se retrouve à califourchon sur l’obus, qui fend l’air… puis le cosmos. Elle s’écrase sans trop de bobo sur une planète préhistorique. Mais Patrisson l’a poursuivi dans sa navette ! Il s’étrangle de stupeur en voyant Marlisou se fiche à poil et bruler ses vêtements et ses doses de dope. La fumée dégagée par ce feu rend les dinosaures alentours complètement foncedés. Ils tuent Patrisson. Marlisou est donc enfin débarrassée de toutes contraintes matérialistes. Plus tard, après avoir partagé une partie de foot avec les dinos, elle sera jetée dans la lave d’un volcan par des barbares…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Totalement muette, Marlisou est une héroïne insolite aux allures de poupée gonflable. A travers ce one-shot underground en noir et blanc signé Pierre Ferrero (qui n’est pas de la famille d’Yves Rocher), ce personnage atone n’a pas d’autre ambition que de s’affranchir du narrateur fou qui l’embarque à travers des contextes variés. On la découvre tout d’abord toxico, puis elle se retrouve rapidement embarquée au sein de situations hétéroclites appartenant à moult « récits de genre ». Elle passe par le polar, la science-fiction, la préhistoire, elle devient l’élue d’une prophétie d’heroïc-fantasy, puis se retrouve être internée dans un camp de concentration nazi. Elle termine par une mission spatiale et scientifique, avant de rencontrer son créateur… et d’être carrément remise en question. Serait-elle juste une illusion ? Ou en train de subir un trip ? A vrai dire, peu importe, tout cela déboule de manière un peu gratuite, sans avoir de réelle finalité. Il n’est pas certain que Pierre Ferrero ait eu une autre démarche que celle du délire séquentiel artistique (ce qui, en soi, est déjà bien). Cette aventure (d’apparence ?) sans queue ni tête, ultra naïve et linéaire, s’appuie sur un langage djeunz des cités et un dessin ultra stylisé. Mi géométrique mi puéril, celui-ci se découvre de manière plaisante car rythmé et non dénué d’inventivité. Le lecteur bien luné abordera éventuellement ces séquences comme autant d’allégories, ou comme un délire rigolo et sans prétention. Le mal luné a déjà passé son chemin.