L'histoire :
Par une mer démontée, le cargo Hansastadt récupère à son bord un petit groupe de naufragés perdus sur un radeau de fortune. Les malheureux ont piètres allures : une femme tronc – remise aux soins pressant du toubib – une autre femme et un homme frigorifiés. L’équipage du navire ne sait pas encore qu’il vient de signer son arrêt de mort ! Car à compter de ce sauvetage, les événements dramatiques vont se succéder. Un à un, les hommes d’équipage disparaissent, éventrés, décapités, amputés, etc. atrocement mutilés, en somme. Devant cette hécatombe, le capitaine s’efforce de conjurer le sort. Il fait mettre au fer – ou consigne – les rescapés qui, sans nul doute responsables, attirent le mauvais œil. De fait, le docteur More – puisqu’il s’agit de lui – connaît parfaitement le responsable de ce petit jeu de massacres. Lui, Fraülein G. et Fraülein F. ne sont pas les seuls survivants, échappés de l’île : la terrible – et gloutonne – Mrs Q. a aussi survécu…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une chose est sûre : notre auteur a un grain. Du moins, Martes Bathori est sérieusement atteint. Depuis Mister Q. Vs Djakarstadt (paru aux éditions du Seuil en 2004), l’artiste a débuté un cycle d’albums parodiques complètement déjantés dont voici le cinquième opus. A mi-chemin de la satire politico-sociétale et du complet délire, Trans Espèces Apocalypse est un véritable ovni comme on en rencontre peu et que seuls, sans doute, Les Requins marteaux ont le courage d’éditer. Reconnaissons que l’entrée en matière est délicate. Le lecteur néophyte se demande sur les premières pages où il a atterri. Le graphisme relativement brouillon de l’œuvre, excessivement nerveux et agressif, n’aide pas non plus. Puis, la désagréable (car déroutante) surprise passée, planches après planches, bulles après bulles, les repères surviennent. Le lecteur prend ses marques. Il identifie les divers protagonistes, de quoi il en retourne. De fait, de pas grand-chose sinon de révolution porcine au final (!) et d’un petit jeu de massacre en règle, tant l’auteur ne s’encombre guère de ses personnages. S’inspirant bien évidemment du roman fantastique d’HG Wells mais aussi des expériences historiques (fascistes allemande et soviétique, notamment) Martes Bathori réussit un album hallucinant dont on ne sait en résumé que penser. Jouissif par moment, dérangeant et imperméable souvent, le titre ne plaira pas à beaucoup. Il faut espérer pourtant qu’il rencontre son public de curieux convaincus ! Il compte en tout cas un nouveau fan, en ma personne. Aventure à suivre…