L'histoire :
Le commissaire Raffini et son adjoint bedonnant, l’inspecteur Morlaine, sonnent à l’entrée d’un immeuble parisien de trois étages. Mme Laroche qui les a fait venir, leur ouvre, plus calme désormais qu’elle ne l’avait été au téléphone. Et pour cause : sa fille Marion a disparu, depuis la veille. Or, ça n’est pas le genre de Marion de fuguer ou de ne pas prévenir. Raffini pose les questions de base et demande une photo. La disparue est une belle jeune fille de 17 ans, teintée en blonde et coiffée comme une vedette de variété du moment, Sylvie Vartan. En fouillant les poches d’une de ses vestes, il trouve un ticket de consommation pour le Golf Drouot. C’est étrange : sa mère affirme que Marion ne joue pas au golf. Les deux policiers prennent congé et partent interroger le professeur de danse de la jeune Marion, qui est potentiellement la dernière personne à l’avoir vue. Ils font fausse route, cette piste ne donne rien. Plus tard, en se renseignant sur le fameux « golf », Raffini comprend qu’il ne s’agit pas d’un vrai golf, mais d’un bar pourvu d’une scène, sur laquelle se produisent tout un tas de groupes de jeunes qui joue la musique à la mode : le rock n’roll.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le « golf Drouot » n’est pas un club huppé où l’on pratique le sport préféré de Donald Trump. C’était le nom d’un bar parisien dans les années 60, où ont débuté la plupart des groupes de yéyés et les vedettes de l’époque comme Johnny Hallyday, Eddie Mitchell et ses chaussettes noires, ou Sheila. Il a ainsi aussi été surnommé « le temple du rock ». Et c’est le milieu et ce contexte choisis par le scénariste de BD Rodolphe, grand spécialiste de la musique de cette époque, qui fut jadis disquaire, pour un roman de son Inspecteur Raffini, qu’il anime d’ordinaire en bande dessinée avec son compère dessinateur Christian Mauclair. On se permet d'insister sur cette précision : ce bouquin n’est pas une bande dessinée mais un roman policier, très classique dans son propos, plutôt accessible dans l’écriture et relativement court. Formellement, Rodolphe alterne les chapitres en ping-pong : tantôt l’enquête au présent de son héros inspecteur de police – un flic à l’ancienne, très pro et blasé – tantôt les extraits des pensées (en italique) d’un protagoniste qu’on imagine impliqué dans la disparition de jeunes filles. Les coiffures de ces dernières, qui imitent celles de la vedette Sylvie Vartan, sont le point névralgique d’une enquête somme toute simple, qui vaut surtout pour le dépaysement dans les mœurs des sixties qu’il procure.