L'histoire :
Avant d’être reclus sur l’île d’Ouessant, Jack Quervellat était capitaine à la PJ de Bordeaux. Il était un super flic, avant de connaître l’enfer. Il était marié à Sylvie, père d’une petite Rachel et vivait en pleine campagne à Talence. Il a rendu si malheureuse sa femme qu'elle abusait des médicaments depuis des années. Quand il rentrait du travail, le couple s’engueulait, car ils ne partageaient plus rien. Sylvie en était persuadée : Jack avait une maîtresse. Il ne se confiait jamais, ne parlait pas de ses enquêtes. Au boulot, Jack avait de plus en plus souvent recours à des méthodes musclées pour faire parler les ordures. Lors de son dernier interrogatoire, il avait notamment démoli le suspect à coup de batte de baseball. Le mec avait terminé aux urgences avec 3 semaines d’hospitalisation. Son patron l’avait prévenu, à la prochaine bavure, il le mettrait à pied. Parfois, avec son équipe de choc, ils se retrouvaient dans l’arrière-salle d’un rade miteux pour évoquer la dureté du métier, les cas limites. Jack décompressait à grands coups de bière, jusqu’à ce que Florence, sa maîtresse, l’appelle…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voilà un polar bien noir qui va ravir les amateurs du genre ! Tout commence quand la famille de Jack et sa maîtresse sont abattues par un mystérieux tueur. Jack est gravement blessé et se retrouve défiguré. Quelques années après ce drame, l’ancien flic à l’humeur mélancolique s’est installé dans le Finistère avec, pour seul compagnon, un chat borgne. Un soir, derrière sa fenêtre, il assiste à une dispute de ses voisins, durant laquelle la femme abat son mari. Aussitôt, il se rend chez eux et tombe nez à nez sur le mari bien vivant. C’est une intrigue hitchcockienne que nous propose Heurteau, avec pour personnage principal un flic violent, tourmenté et vulnérable. La tension est permanente dans une atmosphère pesante. Le scénario est sans faille, intelligemment élaboré, très réaliste, doublé d’un suspense poignant qui vous tient en haleine et avec une conclusion des plus saisissante. On se laisse embarquer dans cette histoire percutante comme dans un bon film (qui n’est pas sans rappeler l’univers d’Olivier Marchal…). Le choix graphique du noir et blanc et le recours régulier à des contre-jours, des aplats prononcés sont efficaces, car ils renforcent la dimension sombre de cette histoire. Le trait réaliste d’Heurteau est assuré, dynamique et tout en justesse.