L'histoire :
Dans leur cellule, les frères Daltons jubilent par avance lorsqu’on les informe d’une décision officielle les concernant. Ça sent l’amnistie présidentielle à plein nez ! (Averell : « Ça fait mal une amnistie ? »). Ils blêmissent en prenant connaissance du décret visant à réduire la surpopulation carcérale : ils vont être pendus ! Une idée surgit alors dans la tête de leur voisin de cellule, juge de métier : faire valoir un vieil article de loi qui commue la pendaison en mariage, lorsque le condamné accepte de fonder un foyer en zone sauvage. Aussitôt avertie par courrier, Ma Dalton se lance à la recherche de prétendantes pour ses 4 fils… ce qui n’est pas une mince affaire au regard de leur réputation ! Le jour de l’exécution arrive. Lucky Luke est réellement désolé de voir ces 4 bandits avec lesquels il a partagé tant d’aventures, avec une corde autour du cou. Soudain, au dernier moment, 4 squaws interviennent pour faire valoir le fameux article de loi ! Soulagé de voir les Daltons libérés, Lucky Luke suspecte néanmoins le coup fourré. Sur ordre du Président, il les escorte donc jusqu’au territoire des « Têtes plates », la tribu dont les squaws sont issues. La tradition veut alors que les futurs époux se choisissent lors d’un combat collectif dans un tipi aveugle. Or, sur les 4 futures mariées, une seule n’est pas un boudin intégral…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En 74 aventures, les frères Dalton ont été arrêtés et se sont évadés une bonne cinquantaine de fois... mais jamais encore ils n’avaient été condamnés à mort. Exploitant cette idée au mieux, Laurent Gerra et Achdé basent leur histoire sur un vague article de loi historiquement véridique : à une époque, au far-west, une peine de mort pouvait en effet être commuée en mariage à vie ! Voilà un moyen habile de jouer sur les deux facettes de l’expression : se marier c’est aussi « se passer la corde au cou », stricto-sensu. Confirmant son attachement à l’univers créé par Morris, Gerra le showman prouve aussi que la Belle Province n’était pas qu’un coup de pub. En outre, le titre d’imitateur convient mieux à Achdé, qui reprend à la perfection le style graphique inventé par Morris, tout en introduisant subtilement sa touche personnelle (ex : le gros plan en bas de la pl.39). De même, les auteurs se permettent une mini-révolution osée mais réussie dans la psychologie des personnages : Averell, le seul à ne pas se marier avec une mégère laideron, fait bande à part ! Bref, des Daltons, des indiens, des attaques de banques… On retrouve le Lucky Luke d’antan, avec le ton résolument plus « western » qui faisait défaut dans la précédente aventure. Et ce, quand bien même notre héros se trouve relégué au second plan, ne recouvrant son rôle de gendarme qu’à la toute fin. La reprise de cette série culte est donc en progrès, sans encore atteindre la qualité des albums de la grande période Goscinny. Peut-être le « politiquement correct » est-il encore à alléger… (Rappelons que les vrais Daltons, cousins de ces abrutis-là, ont été proprement flingués par Lucky-Luke dans le tome 6, à l’époque où il avait en permanence un vieux mégot au bord des lèvres…). A ce rythme de perfection, la collaboration Gerra/Achdé devrait livrer ses meilleures cartouches d’ici 2 à 3 albums…