L'histoire :
Quelque part à l'Ouest, à l'heure des chemins de fer naissants et de l'urbanisation galopante, vécut un individu brigand connu sous le nom du Bandit au colt d'or et dont l'histoire tragique résonna dans toutes les vallées du pays. Son fait d'arme : le massacre d'Amarillo en 1873. Avant cela, le cow-boy était « un enfant comme les autres, toujours de bonne humeur et aimé de ses parents »... Dans une campagne paisible de l'Ouest, Elisabeth et Robert, agriculteurs, élevaient leur progéniture. A douze ans, leurs deux enfants, Jesse et Henry, savaient déjà monter à cheval et tirer au revolver. Mais des bandits de la pire espèce peuplaient les environs : d'anciens Confédérés, des Indiens ou des hommes simplement attirés par le sang. Un jour, ils mirent le feu à la ferme. Elisabeth et son mari furent tués mais leurs deux enfants, cachés, purent échapper au massacre. Avant de mourir, Robert confiait à Henry son vieux chapeau et à Jesse son colt d'or. Désormais orphelins, les deux enfants « partirent au hasard des routes »...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On avait déjà remarqué les feutres pétaradants de Simon Roussin, l'année dernière, lors de la sortie de Lemon Jefferson. Fascinant pour certains, bancal pour d'autres, sa BD, par son parti-pris décalé, novateur et rafraîchissant, n'avait toutefois pas laissé indifférent, ni les lecteurs ni le jury d'Angoulême. Poussant plus loin sa maîtrise du feutre, Simon Roussin conte avec la plus grande simplicité une histoire tragique de bandits, de butin et de famille décomposée, ancrée dans un Ouest américain à peine fantasmé, terreau fécond de contrastes enchanteurs entre neige et désert. Si le graphisme psychédélique de Lemon Jefferson agressait un peu les yeux, celui du Bandit au Colt d'or gagne largement en épure et en expressivité, laissant penser que Roussin s'est appliqué avec rigueur à faire sortir tout le potentiel de ses couleurs flamboyantes. Contemplatif, Roussin cultive ici une esthétique du merveilleux éclatante et crépusculaire, qui serre le cœur par tant de sobre beauté. Résultat : l'histoire de ce tendre bandit réussit, à mi-chemin entre le conte pour enfant et le récit d'aventure, à réveiller des émotions qu'on croyait disparues, celles propres aux récits d'antan où un monde des possibles s’ouvrait à nous. Toujours aussi sincère et audacieux, avec une naïveté travaillée mais touchante et un goût assumé pour les récits désuets, Simon Roussin confirme qu'il est un talent à suivre.