L'histoire :
Sylvaine est une toute petite fille aux grands yeux noisette et à l’enthousiasme débordant. Elle vit chichement dans une maison minuscule faite de bric et de broc, avec son père alcoolique et son gros chat roux Pompon. Un soir, elle profite d’un énième sommeil de son géniteur devant la télévision, la bouteille à la main, pour s’éclipser : on est en plein été, l’air est doux. En cette saison, normalement, tous les enfants partent en vacances. Mais le papa de Sylvaine n’a ni les moyens, ni l’intention de l’emmener. Alors la petite miséreuse prend son courage à deux mains et part voir la mer. Equipée de son « carton de couchage », d’une bouteille d’huile pour s’alimenter et d’un bon paquet de croquettes pour son chat, elle s’engage seule sur les routes, direction le Verdon-sur-Mer ! Et le chemin ne sera pas de tout repos : au cours de son voyage, elle rencontrera toutes sortes de personnages plus étranges les uns que les autres. Un petit garçon qui fait du cirque avec ses chiens, une voyante cartomancienne aux services très chers, une fée adoratrice de « Claude Francis » qui mange des champignons qui rendent bizarres… et même un monsieur qui l’enferme dans sa maison.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Vous vous attendez à lire un album léger et sans prise de tête ? Passez votre chemin. Sylvaine est une véritable leçon de vie qui laisse un goût amer et les yeux un peu humides. Dès le début, les choses commencent mal : une maison faite de tôles, un vieux tacot rouillé, un papa dans les vapes… Chaque personnage que Sylvaine va rencontrer finira par prendre conscience de la situation précaire dans laquelle elle vit ; elle sera finalement la seule à ne pas s’en rendre compte. Pour Sylvaine, tout est beau et coloré, la vie est un monde joyeux et tout le monde est gentil. C’est finalement la vision normale d’une enfant de cet âge que Stan Silas essaie de faire passer. L’album est multicolore, le graphisme est régressif, avec un petit côté « chibi ». Il y a des fleurs partout, des étoiles, des papillons… Seul le lecteur a conscience de la gravité des évènements que Sylvaine est en train de vivre. Ainsi, Silas réussit à émouvoir son lecteur, à l’emplir de doutes et d’incertitudes. Néanmoins, son graphisme a plutôt tendance à le desservir. Certes, il colle plutôt bien avec l’esprit de la BD, l’idée d’un monde merveilleux aux yeux de l’héroïne, japanisé, aux tons « kawaï ». Mais le trait manque un peu d’innovation. Sylvaine reste cependant un album à lire, pour être surpris, pour être ému… En un mot (ou plutôt quatre) pour être tout chose.