L'histoire :
Il est presque midi. C'est-à-dire l’heure, pour Laurent, de se faire saquer de son lit par sa mère, pour passer à table. Mais d’abord, une bonne journée commence toujours par une petite branlette. Plus tard, l’assiette à peine terminée, Laurent file déjà en ville pour retrouver son vieux pote Alan. Car en raison du divorce de ses parents, Laurent est récemment revenu vivre à Nantes, avec sa mère et il renoue donc avec ses vieilles amitiés. 10 ans ont passé et Laurent et Alan n’ont pourtant pas grand-chose à se raconter. Ah si : Alan est devenu « rocker » (mais il ne sait pas jouer de la guitare). Ils partagent une bière et se savent d’emblée toujours complices, à la faveur d’un string qui dépasse du jean taille basse de la serveuse. Tout fiérot, Alan l’amène chez lui et lui montre la bagnole qu’il customise (notamment avec des enceintes kit éclaté 4x50W 2 voix oxygène). Mais il ne peut pas la conduire, parce qu’il est en train de passer le code. Puis Alan invite son vieil ami, par procuration, à la soirée d’anniv’ de Mamat, le vendredi suivant. Ce soir là, Laurent passe prendre Alan chez lui (c’est soirée Thalassa pour les parents) et ils achètent un pack de binouzes. Dans le tumulte de la sono et des convives qui se connaissent tous entre eux, Laurent fait la connaissance de Nadège, la copine d’Alan. Elle est gentille et jolie, Nadège… et elle a un tatouage ultra sexy sur la cheville. Bizarre qu’Alan la néglige autant…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le titre est osé, il est pourtant parfaitement juste et explicite. A travers cette chronique sociale amusante, en one-shot, Jules Fradet (au scénario) et son frère Tom (au dessin) mettent en scène un petit groupe de jeunes gens aux abords sensibles de la majorité. Ici, il n’est pas question ici de dénoncer, ni de se moquer, mais de décrire les comportements d’une tranche d’âge, dans une démarche quasi sociologique, légère. A travers le petit morceau de vie de Laurent et de son pote Alan, le « jeune », cet inconnu, est ainsi cerné avec un discernement rare. La vacuité de ses discussions, le désœuvrement de son quotidien, son manque d’ambition et d’horizon, son mépris pour les parents… Ces mentalités raviveront assurément des souvenirs chez les lecteurs nostalgiques ! Chaque situation se traduit par une séquence ad hoc. Beaucoup de choses passent à travers les non-dits ou le savoureux et le pathétique des dialogues. Par exemple, les études se résument en 3 petites cases, muettes et terriblement parlantes. A cet âge, deux problématiques requièrent toute l’énergie du personnage de Laurent, le « héros » : son incompétence abyssale pour trouver les mots qui séduisent et sa propension à pencher en faveur de la petite connerie à faire (les soirées picole, fumer des trucs interdits ou faucher des plants de cannabis)… Ces personnages sont affligeants et néanmoins très attachants : les frères Fradet leur attribuent un fort capital sympathie, notamment à travers le traitement graphique subtilement caricatural. L’aspect stylisé du dessin s’inscrit idéalement dans la mouvance « nouvelle vague ». Au besoin, Tom Fradet utilise l’outil infographique de double ou triple plume, avec culot et réussite (quand les persos sont dans le pâté). Les auteurs avouent s’être inspirés du registre d’éminents ainés comme Manu Larcenet, Christophe Blain ou Riad Sattouf (on pense surtout à La vie secrète des jeunes ou à son film Les beaux gosses)… et c’est parfaitement dans le ton !