L'histoire :
Peut-être l’a-t-il un peu cherché en allant copuler avec la fille du patron...? Mais force est de reconnaitre qu’il s’emmerde copieusement… Aussi, Belzébuth, à qui Satan a confié la surveillance de ses damnés, doit-il sans tarder se trouver un joli brin de fille peu farouche, niveau galipettes, pour combler rapidement le vide amoureux. Conseillé par Pazuzu, à qui il confie la boutique et les chiens-chiens, voilà notre démon en expédition pour l’amour en territoire humain. Paris lui semble un minimum. Et une fois attifé, grâce au secours catholique, comme un vrai monsieur, le voilà prêt à séduire à tout va. Néanmoins, au détour d’une ruelle, l’attend une drôle de surprise : il est accosté par un jeune homme lui promettant de trouver chaussure à son pied. Car le bonhomme n’est ni plus ni moins que Jojo (Saint Georges pour les non-initiés) qui a besoin des talents de notre ami. Le frétillant blondinet est fou amoureux et il souhaite que Belzébuth lui offre ses talents d’entremetteur. En échange d’une signature au bas d’un petit pacte, ce dernier accepte le marché et s’embarque pour des geôles miteuses moyenâgeuses où la belle sorcière Hécate est torturée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Compères sur Raiju et Raiden, Stéphane Melchior et Loïc Sécheresse retournent au charbon pour un album délirant, soumis au feu des enfers et des passions amoureuses de démons gratinés. Au rythme d’histoires courtes (2 à 5 planches), le suppôt de Satan chargé de surveiller les damnés, et sa belle et venimeuse maitresse, la sorcière Hécate, s’amusent de cet univers vicié. Démons de tous poils, cerbères léchouilleurs, Saints, personnages de la littérature, Mort, Bon Dieu ou Diable s’entendent comme larrons en foire dans un jeu de décalage où le grattant, le burlesque, l’absurde se jouent de tout. La passion fusionnelle des 2 personnages centraux (et leur ébats furieux), la science de la loose de ce grand couillon de Belzé, les seconds rôles savoureux, entretiennent un fort attachement à l’univers qui est ici déployé : à la fois foutraque, déjanté et tendre comme il faut. Au-delà, on ne peut pas dire que les saillies humoristiques fassent mouche à tous les coups. On trouve parfois l’exercice un peu court ou les ressorts « gaguesques » utilisés un peu empreints du « déjà vu ». Animant à l’origine le blog du dessinateur ( labofurieux), nos deux héros y sont peut-être plus à l’aise qu’au format papier. Le trait brouilloneux-éjaculatoire si identifiable de Loïc Sécheresse complète les velléités délirantes du récit. Il continuera sans nul doute de ravir les amateurs de ce graphisme « nouvelle vague », sans réussir à convaincre les autres.