L'histoire :
Aujourd’hui est un grand jour : des copines l’ont convaincue de s’inscrire sur un site de rencontres. Car les statistiques ne mentent pas : sur 18 millions de célibataires en France, il y a forcément chausson (en peau de mouton) à son pied. Et avec plus de 2000 sites de rencontres existant, et une majorité d’hommes inscrits, elle va forcément trouver son bonheur ! Primo, il faut choisir le bon site, et ça n’est pas évident, entre ceux qui fonctionnent trop bien et ceux qui n’aboutissent à rien. Elle s’intéresse alors aux résultats globaux de tous ces sites : 68% aboutissent à des rencontres foireuses. 39,8% aboutissent à des rencontres tellement foireuses, qu’on préfère rester célibataire. 31% donnent lieu à des rencontres sympas, mais qui s’arrêtent là. Dans 25% des cas, il y a quand même du sexe… mais sans lendemain. Enfin, 1,8% débouchent sur une vraie histoire d’amour à moyen ou long terme. Ne reste plus qu’à créer un profil. Et c’est tout un challenge. Il faut se trouver un pseudo et une « baseline » qui définit de manière originale, crédible et réelle ce que l’on est. Et puis sélectionner tout un tas de critères sur ce qu’on attend du partenaire…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’avènement des nouvelles technologies a ouvert depuis une vingtaine d’années de nouvelles perspectives conjugales. Désormais, il est possible de choisir sur catalogue son âme sœur, de spécifier sans scrupule ses critères, de filtrer le choix d’un partenaire sexuel (ou de vie) en fonction de la fourchette qu’on se donne, entre caractères rédhibitoires et assouvissement de ses désirs les plus intimes. Au départ, l’anonymat et la distance assurent un risque minimum de râteau. Sylvie Albou-Tabart s’est ainsi penchée sur les belles intentions théoriques des sites de rencontres, en s’adonnant volontairement à leur usage… Dans ce petit bouquin, elle retire de ses expériences (et/ou témoignages ?) toute une série d’analyses plutôt fun, mais pas dénuées d’une réelle portée sociologique. Bien en phase, en tout cas, avec l’humour et les mentalités de notre époque. A l’opposée du romantisme à la Flaubert, notre XXIème tend en effet à faire glisser l’art de la séduction, l’ivresse du flirt et autres marivaudages au rang de la consommation rapide et sans conséquence. Et sur tous ces plans, du rêve fleur-bleu à la tragique réalité, il y a largement matière à dériver ! Sur un dessin caricatural tout aussi fun de Camille Burger, l’autrice cible essentiellement les profils mensongers, les pseudos présomptueux ou débiles, les écueils à éviter, le tout nourri de statistiques relativement crédibles. Evidemment, le titre n’en fait pas mystère : sa personnalité féminine écorne sans pitié la gente masculine ; mais n’y voyez aucune vocation castratrice, l’autrice avoue que la réciproque fonctionne tout aussi bien.