L'histoire :
Nous sommes en 1999. La finale du championnat de France oppose le Paris-Volley au Stade Poitevin. Poitiers a déjà perdu le premier set et dans les tribunes, beaucoup de spectateurs pensent que l’affaire est pliée. Pourtant, deux jeunes supporters continuent d’y croire, dont un certain Earvin Ngapeth. Porté par cette ferveur, Poitiers renverse la situation : après une victoire arrachée contre Tourcoing, une qualification en demi-finale et un parcours semé d’embûches, l’équipe s’offre le droit de défier l’ogre parisien. Ce dernier match devient un véritable cavalier seul, marqué par l’arrivée décisive du joker médical Laurent Chambertin, passeur emblématique de l’équipe de France. Dans les tribunes, le jeune Earvin savoure son rôle de supporter numéro un, témoin d’un sacre historique. Huit ans plus tard, la boucle se referme : Ngapeth porte désormais le maillot de l’équipe première de Poitiers. Formé au Cercle d’Éducation Physique (CEP) de la ville entre 2002 et 2007, il gravit les échelons avec talent et ténacité. Mais le futur champion ne se limite pas au parquet : une fois l’entraînement terminé, Earvin aime aussi s’exprimer sur scène en slammant, une passion parallèle qui dit beaucoup de sa personnalité. Entre sport et musique, discipline et liberté, il construit déjà le profil d’un joueur pas comme les autres, appelé à marquer l’histoire du volley par son charisme et son intensité.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Earvin Ngapeth, Monsieur Magique est une bande dessinée singulière, à l’image de son sujet. Le récit, construit en allers-retours, demande au lecteur un minimum d’effort pour suivre le fil entre la carrière sportive, les blessures intimes et les coups d’éclat. Mais c’est justement ce qui en fait sa richesse : on entre dans la vie d’un joueur qui n’a jamais rien eu de linéaire. On y découvre ses origines, l’ombre tutélaire de son père, les doutes et les retards d’éclosion d’un champion qui s’est affirmé sur le tard. La BD dévoile un homme entier, imprévisible, parfois rugueux, mais toujours animé d’une passion brûlante. On comprend pourquoi ses parents l’ont prénommé Earvin en hommage à Magic Johnson : sur un terrain de volley, il a ce supplément d’âme qui électrise les foules. Côté dessin, on est sur un travail qui « fait le job » : ni fulgurant, ni bâclé, il accompagne efficacement le récit sans chercher l’épate. Ce n’est pas lui qui impressionne, mais il soutient avec solidité l’histoire de ce champion hors norme. L’album a aussi le mérite de ne pas sombrer dans l’apologie. Il ne gomme ni les colères, ni les excès, ni les contradictions d’un joueur qui refuse de rentrer dans les cases. Ngapeth y apparaît dans sa globalité : le musicien amateur qui chante son deuil, l’ami fidèle, le compétiteur incandescent, le double champion olympique, et l’homme déjà tourné vers son prochain défi – Los Angeles 2028 et une troisième médaille d’or. Une fresque sincère et vibrante sur un sportif qui électrise autant qu’il divise.