L'histoire :
Au nord de la Tunisie, à Rades, en 1966. Chadia n'est pas encore née, mais elle connaît l'histoire. Son père fut abordé par un français en quête de main d’œuvre susceptible d'être expatriée en France. La conversation n'a duré que quelques minutes : «Tu verras, la France, ça va te changer. La vie y est plus belle. Tu as des cousins ? Non ? Pas grave, tu feras très bien l'affaire. Pour la langue, ne t'inquiètes pas, tu n'auras pas besoin de parler pour ce que tu auras à y faire. Tu es à l'aise avec un balai ? Bon très bien... Non, ne t'inquiètes pas, tu vas gagner beaucoup d'argent...».
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Parmi les récits autobiographiques, on en compte qui permettent de jeter un regard tendre sur sa propre histoire. C'est bien le cas de celui-ci signé par Chadia Chaibi Louestati. En 13 chapitres, comme autant de membres de sa famille, elle rend un très bel hommage à son père, rejoint six ans après son arrivée sur notre sol, par sa femme et ses trois enfants, quand le gouvernement permit le fameux regroupement familial. Le trait est minimaliste et c'est bel et bien la narration qui fait qu'on s'attache au récit de cette famille. Parce que le regard frais et piquant de l'auteure amène un ton toujours joyeux. L'auto dérision est ici une clé qui fonctionne particulièrement bien. La délicatesse et l'humour avec lesquels Chadia témoigne de sa jeunesse, le regard tendre qu'elle porte sur les siens, sont l'agréable fil conducteur. C'est touchant, drôle et pudique. Un récit plein de vie, c'est ça une famille nombreuse ! L'enfance, l'école (pour tous et tous pour l'école), les racines qu'on n'oublie pas et la vie quotidienne... La première voiture, en 1983, une 504 break... vite customisée par la maman ! Les galères de logement... Un bouquin « joli comme là-bas, ma fille » !
