L'histoire :
Fin 1628, la tactique du siège de la Rochelle, établie par le cardinal de Richelieu pour parvenir à la reddition des protestants, a fini par payer. L’autorité royale est rétablie, mais le roi Louis XIII sort épuisé de cette période délétère. En outre, il souffre d’un abcès à l’intestin sévère… qui menace sa vie. Marie de Médicis, ancienne régente du temps où il était trop jeune pour régner, tente d’assurer la continuité de l’Etat, mais elle se méfie de cet Armand Jean du Plessis, alias le cardinal de Richelieu, qui fait office de Premier Ministre et dont les ambitions font ombrage au Roi. Après tout, 10 ans plus tôt, les sbires de Louis XIII se sont déjà débarrassés du puissant Concini en… l’assassinant purement et simplement. Marie de Médicis entend donc obtenir la disgrâce et réduire au silence Richelieu. Pour autant, ce dernier est un habile politique, d’une intelligence rare, au réseau solide, en plus d’être un bretteur émérite. Plutôt que d’affronter la vieille régente, il la laisse manœuvrer et laisse croire qu’elle a le dessus. Le 10 novembre 1630, une entrevue importante entre le roi et sa mère se tient au Palais du Luxembourg. Marie de Médicis clame pique-pendre au sujet du Cardinal. Sans s’annoncer, celui-ci entre soudainement dans la pièce…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il doit être écrit dans les tables métaphysiques de l’Univers qu’il est impossible de faire une bonne biographie de Richelieu en BD. En avril 2023, Coline Dupuy et Andrea Mutti brossaient pour les éditions Plein Vent un portrait hagiographique et œcuménique du célèbre ministre de Louis XIII… mais terriblement inhibé et hermétique. Revoici un focus sur sa vie proposé par Maël Martial en auteur complet, sous l’égide de Françoise Hildesheimer, spécialiste reconnue du Cardinal, chez les éditions Marabulles (grand format !). Le focus de cet album porte sur ce que les historiens ont appelé « la journée des dupes », c’est-à-dire le jour où le Cardinal a failli se faire évincer de son poste de Premier Ministre par Marie de Médicis. Mais en habile politique, il a su retourner la situation à son avantage et il est revenu à la tête du gouvernement plus fort qu’auparavant. Toute comparaison avec une situation actuelle semblable ne serait que fortuite. En 60 planches non dénuées de talent artistique, mais franchement dépourvue d’inspiration séquentielle, Martial essaie de nous raconter ce moment crucial de l’Histoire de France… et on ne comprend pas grand-chose. Il n’y a certes aucun doute sur la rigueur documentaire, mais le texte et les dialogues ne se mettent pas du tout à la portée du grand-public. La logique des cadrages n’est aucunement immersive, avec souvent des profondeurs déglinguées, des arrière-plans soignés mais des premiers plans en roughs zoomés, des plongées en rotation à 90° vertigineuses… Les personnages souvent copiés-collés, aux postures et proportions fluctuantes, est très inégal… avec des aplats numériques dans les zones où on ne sait pas trop quoi mettre (où est donc la tête de Marie de Médicis dans l’avant-dernière case de la p.21 ?). Bref, il y a du savoir-faire graphique, mais ça manque cruellement de structure séquentielle.