L'histoire :
La lyonnaise Mathilde est une working girl de 32 ans qui bosse dans une agence d’événementiel et adore son job. Elle a eu quelques aventures sans lendemain et souvent avec des hommes mariés, pour ne pas s’engager. Mais elle tombe amoureuse d'Eugène, un homme certes libre, mais de « seconde main » avec ex-femme et deux ados au tableau. Elle, qui avait jusqu'alors une vie de célibataire sans contraintes, la voilà dans de beaux draps ! La première rencontre avec les enfants ne se passe pas idéalement. Ils ne font aucun effort et se transforment très vite en diablotins sournois. Vincent et Chloé se fondent d’attention pour mieux manigancer et évincer Mathilde. Ils ont gagné ! Après une dispute avec Eugène, Mathilde baisse les bras. Ils se séparent. Malgré les mises en garde de son ami et collègue homo sur la difficulté de trouver sa place au sein de cette famille, les deux amants décident tout de même de s'accorder une seconde chance. Ils s’aiment et pensent qu’au fond, ça devrait suffire. Malgré la mésentente avec les enfants, et à sa grande surprise, Eugène lui fait visiter un appartement et lui demande de s’installer avec lui… et les enfants, un week-end sur deux. En attendant le grand déménagement, Eugène convainc Mathilde de partir cinq jours tous ensemble. Ça va être la goutte d’eau, rien ne va se passer comme voulu. Mathilde reprend le train direction Lyon. Elle récupère ses affaires chez Eugène et en profite pour dire ses 4 vérités à l’ex femme, bien trop présente à son sens. Et voilà tout est (enfin) fini... ou presque !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce n’est pas la première fois que Véronique Grisseaux, autrice désormais expérimentée, collabore avec Eva Rollin. Toutes deux nous proposent une adaptation du roman de Caroline de Bodinat Marâtre, qu’elles adaptent librement. Elles dressent un état des lieux de la famille recomposée, un cliché-classique mais très actuel. Depuis quelques années, plusieurs auteurs ont osé écrire et rire du quotidien de ces familles un peu « hors normes ». Le trait d’Eva Rollin, un visuel aux couleurs douces, est à la fois délicat et brut selon la situation, mais aussi précis et détaillé. Elle utilise deux typographies différentes qui permettent de distinguer les pensées de Mathilde, comme si elle écrivait à son journal, et les dialogues avec les autres protagonistes. Dès le début, Mathilde reçoit un accueil froid et mitigé, la guéguerre commence et les deux chérubins sortent très vite les armes. Il n’est pas simple de comprendre les contraintes de la parentalité face au célibat. L’opposition est parfois inévitable. Les enfants sont souvent source de conflits, parfois voulus et d'autres non. Les couples sont mis à rude épreuve, les enfants peuvent être pernicieux et très persuasifs. C’est une épreuve quotidienne, entre les obligations familiales de monsieur et les envies totalement opposées de Mathilde. Une lecture divertissante dans laquelle Véronique Grisseaux use de la dérision avec le terme « un homme de seconde main » pour définir cet homme à partager avec sa vie d’avant. Car oui, dès qu’il y a des enfants, on ne tourne jamais complètement la page. Tout comme on ne naît pas maman, on ne naît pas belle-mère, on le devient. D’ailleurs, on ne refait pas sa vie, on en construit juste une nouvelle, dans la continuité. Finalement, la famille recomposée est juste une nouvelle famille à composer !
