L'histoire :
Marie est modèle. Lors d'une séance photo, elle s'isole pour pleurer. Elle ne va pas bien, elle doit se ressaisir. Elle se motive et retourne voir les deux hommes photographes. La séance de photo de nu se déroule et on lui apporte un kimono pour qu'elle se rhabille. Mais quelqu'un entre sans prévenir. C'est Arthur, l'ex compagnon de Marie. Elle ne comprend pas ce qu'il fait là. Lui prétexte que, comme il fait nuit, il trouve sympa de la raccompagner. La jeune femme se dépêche pour se rhabiller, ce n'était pas prévu... Et le duo prend un taxi pour rentrer. Dans la voiture, Marie précise qu'elle peut se débrouiller seule, qu'elle n'a pas besoin de lui. Arthur se rapproche, colle sa tête sur son épaule et lui susurre qu'il tient à elle. Marie s'avance pour l'embrasser, mais il la repousse brutalement : ils sont désormais séparés et il lui demande de respecter ça ! Marie est perdue... Que fait-il là, exactement ? Quand elle arrive en bas de chez elle, où elle vit en colocation avec son amie Pauline, Arthur demande s'il peut monter aux toilettes. Puis il prolonge la soirée en proposant de boire un verre... et il finit par rater le dernier métro. Pas le choix, il va devoir dormir ici. Dans le salon, dans le même lit que Marie. Il s'échappe au lever du jour. Le lendemain, Marie se confie à son amie : ils sont toujours séparés, elle ne comprend pas son attitude. Elle commence alors à se rappeler, à se remémorer des instants de leur vie passée à deux.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Florence Rivières, scénariste de ce roman graphique, s'inspire de son expérience personnelle pour relater ce récit fictif. Elle s'appuie sur le soutien de Juliette Steren qui signe les illustrations. Dans cet album, nous rencontrons le personnage de Marie. Cette jeune femme est modèle et elle a vécu une histoire avec un certain Arthur. Les amants sont séparés, mais au cours d'une soirée, il refait surface dans sa vie et elle ne comprend pas la logique. Elle ne sait pas comment elle doit se comporter. Il lui lance des signaux et tente de la mettre en faute en permanence. Au fur et à mesure, elle va se remémorer, par flash, par bribes non chronologique, ce qu'était leur relation. Et elle va voir un stress post-traumatique ressurgir : ce n'est pas la rupture qui la met dans cet état, mais toute la violence qu'elle a subi et qu'elle a refoulée. Marie va aussi se rendre compte que cette violence est allée à plusieurs reprises jusqu'au viol conjugal. L'autrice parvient ingénieusement à nous montrer ce qu'est le phénomène d'emprise, comment il se met en place insidieusement. La victime est dans le doute permanent, ne sait plus ce qu'elle doit faire et penser, elle culpabilise. Florence Rivières revendique de dépeindre une victime imparfaite, car les victimes parfaites n'existent pas. Alors oui, Marie va retourner plusieurs fois vers son bourreau, oui elle va mettre du temps à intégrer qu'elle a été victime de viol. Nous pouvons décortiquer les mécanismes mis en place, chaque planche est un nouveau choc pour le lecteur. Graphiquement, la dessinatrice oscille entre des pages en couleurs et des pages en nuances de bleu pour représenter les souvenirs. Tout s'entremêle, devient parfois confus, à l'instar de ce qui se passe dans la tête de la victime. Un ouvrage poignant et nécessaire.