L'histoire :
Une femme a eu le visage défiguré suite à un accident. Avant, elle aurait encore pu faire l'amour avec de charmants jeunes hommes. Désormais, elle se fait gang-banguer autour d'une piscine... Un enfant-doigt échoue sur une plage, un zombie ressuscite, une nana baise le pour et le contre, un attaquant marque des buts en slip et des ectoplasmes étranges (un « encephaloseptantopode télépathe ») s'accouplent avec les humains... Bienvenue dans le monde saugrenu d'une société pas comme les autres... La vision horrible d'une fin de monde ? Peut-être...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La plupart des strips de quatre cases édités ici par Même Pas Mal ont d'abord été publiés dans la revue Psikopat. Olivier Texier y affiche un humour noir trash et provoc', bien cruel, pas très loin de l'absurdité de Pierre La Police. Ici, la logique du pire est à l'œuvre dans un monde en mal de repères : des humains moribonds ou défigurés, des enfants maltraités, du sexe génétiquement modifié, des monstres difformes... et au bout, un sens de la chute cocasse jamais démenti au cours de plus d'une centaines de saynètes souvent violentes, à l'imagination noire sans limite. Des fantasmes trashy et un sens de l'humour d'une bizarrerie transgressive qui font voler en éclat toute bienséance, les limites du mauvais goût étant sans cesse repoussées au diapason d'une esthétique tendance Walking dead. Si l'ensemble souffre d'une qualité inégale, il n'en reste pas moins qu'un certain nombre de strips sont fendards, par leur violence (jouissive) assumée, leur bon sens, leur efficacité et la volonté de l'auteur de ne rien lâcher en poussant le lecteur dans ses retranchements : serez-vous prêt à tout accepter, à voir ce monde vampirisé ? Un défilé de pulsions refoulées ou assouvies, des corps disloqués en souffrance et l'aliénation d'une société affamée de sexe et de mort. Texier nous oblige à regarder la laideur du monde pour mieux nous surprendre, entre rires (surtout) et dégoût (un peu)... Cyril Pedrosa a tant adoré qu'il a préfacé le livret. Manu Larcenet l'a introduit et Bouzard l'a clôturé, à chaque fois de fort belle manière, le tout dans un écrin soigné. Si l'humour irrévérencieux et trash ne vous fait pas peur, Grotesk, déversoir d'humeurs sans compromis, est alors fait pour vous... L'anormal n'a jamais semblé aussi ordinaire !