L'histoire :
A la naissance de Nuage, dans son village africain, la stupeur est grande de voir Kirdy, une jeune femme noire, mettre au monde une enfant blanche. Le sorcier Komoga consulte aussitôt les esprits des anciens, qui décident de bannir la mère et sa fille. Huit ans plus tard, la petite Nuage a grandi au sein d’un autre village, mais elle est le souffre-douleur des camarades de son âge. Elle ne trouve la paix qu’auprès du vieil Amérou, un sorcier qui vit à l’écart du village et qui l’initie aux plantes qui soignent. Néanmoins, sa mère lui interdit de lui rendre visite, car depuis son bannissement, elle ne porte guère les sorciers en grande estime. Ce jour là, un éléphant très énervé ravage plusieurs huttes du village. Alors que les villageois tentent de le repousser, contre toute attente, la petite Nuage parvient à calmer le pachyderme et – d’après ce qu’elle dit – à discuter avec lui. Tout le monde constate une fois de plus que Nuage a un vrai don d’empathie avec les animaux. Le lendemain, Kirdy emmène sa fille pour rendre visite à sa sœur, via un taxi de brousse. Le chauffeur est quelque peu fantasque : chemin faisant, il s’écarte imprudemment de la piste et crève son unique pneu. Voilà les passagers obligés de poursuivre leur route à pieds, par une chaleur accablante…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans cette fresque africaine en one-shot, la petite héroïne, Nuage, véhicule un double mystère : d’une part, elle est née blanche, au sein d’une tribu noire (et il ne semble pas que sa maman ait fauté… bien que cela ne nous regarde pas). D’autre part, elle a le don de parler et de se faire comprendre des animaux, ce qui s’avère assez pratique en terres africaines et sauvages. Un peu comme Yakari, donc, mais en plus « réaliste ». Ces deux paramètres entrent également en résonnance : ici Nuage peine à s’intégrer aux enfants de son âge, car elle est la seule blanche parmi les noirs. De fait, elle cultive sa différence et trouve ses alliés parmi les animaux. Ce qui permet à l’auteur, Christian Peultier, d’accorder un angle social à son récit, en contrepied astucieux du rejet vécu par les immigrés de couleurs au sein de nos pays européens. De fait, cette histoire de 50 planches est à cheval entre le conte fantastique, la fable sociale, mais aussi la quête initiatique… car grâce à son don, la fillette guide aussi ses amis à travers un incendie de brousse, en guise de climax. Néanmoins, l’album vaut avant tout pour son dessin réaliste, magnifique, d’une grande douceur. Le crayonné de Peultier, rehaussé d’aquarelles, fait la part belle aux vastes paysages, à une faune sauvage riche et gracieuse, aux ambiances chaudes et ocre… Une ode à l’Afrique qui plaira à un large public, dès le plus jeune âge.