L'histoire :
Cela commence sur un air de jazz, comme de bien entendu. Un air joyeux et léger intitulé : Everything happens to me. Tout un programme, n’est-il pas ? Ce matin-là, un réfrigérateur faisant du zèle refuse obstinément d’ouvrir sa porte. Il faut à sa propriétaire employer, à son corps défendant, des méthodes de tortionnaire pour y parvenir. « C’était cela où elle ne déjeunait pas ». A midi, notre citadine a rendez-vous pour un entretien d’embauche ; une rafale sifflant au détour d’une rue l’emporte ailleurs. Une vue magnifique l’attend au sommet de l’Hôtel de Ville. Contempler la ville à ses pieds, ça c’est le pied ! Mais la voilà en retard pour son rencard. Lorsqu’elle se présente à l’accueil, on lui répond sèchement qu’on ne saurait compter sur les personnes négligeant la ponctualité. Pire, on les méprise… La journée ne faisant que débuter, une pluie de harengs accueille l’infortunée en sortant. Une pluie de harengs pourris en plein mois d’août ! Heureusement à la répète du soir, quelque chose d’indicible se produit entre elle et ses deux partenaires. Ce petit quelque chose semble pouvoir les transporter si loin, si loin de tout. Une alchimie magique en un instant rare. Au final, cette journée filée sur un air détaché se révèle une « très » bonne journée ! Comme quoi, Quand la musique est bonne (euh, ça c’est plutôt rock’n’roll)…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Attendre du label Treize étrange un titre convenu serait pour le moins troublant, voire décevant. Comme le laisse deviner la couverture, figurant une pluie de harengs, Somewhere else vous promet une balade dépaysante et légère sur fond de musique jazz. Le quotidien revisité au gré de 16 interprétations aux titres célèbres – reprenant ceux de hits du genre comme Summertime signé Gershwin ou In a silent way de Miles Davis (une discographie complète figure en fin d’album). Les morceaux rythment ainsi la vie de personnages appelés parfois à se croiser, à s’apporter, se compléter ou encore se répondre. Bref, le jazz est le fil conducteur d’un ensemble orchestré intelligemment. Quelques notes fantastiques, des accents graves relevés de bémols plus légers et tendres, on ne s’ennuie guère à la lecture de la nouvelle variation de Pascal Jousselin. L’auteur des Aventures de Michel Swing, déjà donc coutumier de l’exercice musical, invite à une improvisation dans l’instant présent. Carpe diem, comme dirait l’autre. La vie est changeante mais pleine de (bonnes) surprises ! Le secret serait-il de se laisser porter par l’air du temps ? La tonalité générale est en tout cas détachée et libre, parfois déconcertante (The Profit), jamais invariante. Une belle brise et rafraîchissante interprétation Quelque part ailleurs…