L'histoire :
De nos jours, un homme se faisant passer pour DB Cooper, célèbre pirate anonyme ayant détourné un Boeing 727 à destination de Portland en 1971, est reçu à une émission de télévision, afin de faire la promotion de son livre. Une voix hors cadre s'esclaffe : « quel clown ». 1971 : Dolores, 38 ans, est une belle femme brune, un peu mystérieuse, greffière au tribunal d'Eglefin, à qui l'on accorde confiance et sympathie. Elle voit revenir dans sa vie un ancien ami : Volodia, avec qui elle a grandi dans un foyer. Ce dernier est réalisateur et souhaiterait impliquer son ancienne amie dans son nouveau projet et évoquer leurs souvenirs communs douloureux et secrets. Au même moment, « la Méduse », une connaissance ayant passé huit ans en prison à cause de Dolores, s'apprête à sortir. Dolores ne voit qu'une échappatoire : prendre le premier avion pour... Portland.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un sujet dingue, improbable. Une affaire dont personne ne se souvient ou n'a entendu parler. Une couverture superbe, marquée à chaud. Et un style dessin jeunesse en totale inadéquation avec les dialogues et les situations : délirantes, grotesques, ou génialement marrantes. Même si on ne saisit pas bien son rôle ou son destin, avant le chapitre Tina Mc Cloo en page 77, où l'hôtesse homonyme prend un peu la lumière à son tour, Dolores parle avec deux chevaliers réagissant à sa vie via l'écran de télévision, tels deux marionnettes dépassant du cadre. Et tout cela semble normal. Est-elle seulement seule dans sa tête ? Pas sûr... Marie boisson écrit sa version du fait divers, en le (re)féminisant. Son univers, devant autant à Nicole Claveloux, qu'à Bernadette Després (Tom Tom et Nana), en sera le théâtre. Cela implique des décors et des personnages tous fins, presque figés en 2D, sortis d'un monde qui n'existe pas, où rien de vraiment méchant peut arriver, sauf des choses très bizarres et où la morale est sauve. On hésite quelques secondes avant de trancher pour le verdict suivant : il y a du Monty Python qui coule dans les veines de Marie Boisson ! Car enfin, comment lire un récit aussi innovant, intelligent, laissant le lecteur maître de ses compréhensions et réactions ? Primé en 2024 de la Pépite d'or au salon du livre et de la presse jeunesse pour son premier et précédent ouvrage Bianca et la forêt des parents égarés, Marie Boisson confirme en tout cas son grand talent d'autrice avec ce second album, et rentre dans la cours des grands - on va même dire des adultes - et cela n'est pas du tout péjoratif !