L'histoire :
Elles chantent sans ouvrir la bouche des mélodies voluptueuses, elles traversent les pages et les paysages, elles ne se réduisent qu'à la grandeur de la nature. Elles font un passage éclair parmi nous. Pas encore là en juin, déjà parties en août... ce sont les Julys. Des êtres minuscules, sorte de génies qui, aux premières lueurs du premier jour de juillet, sortent de leur coquille sous l'eau et rejoignent la surface du monde pour s'immiscer dans nos rêves...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Où va-t-on ? Qui attend qui ? Qui attend quoi ? La quête semble d'abord être l'objet de cet étonnant et bel album tout de hachures vêtu, un travail impressionnant, où le sublime contemplatif côtoie de moins évidents enchevêtrements. Une sorte de carnet de dessins intimes et touffus de broussailles fantasmées qui auraient été trouvés et que l'on aurait reliés. Puis subrepticement s'installe une mise en abîme de l'auteur apparaissant lui-même au sein du récit, sous deux aspects distincts : père et fils, échangeant donc avec lui-même, tel un miroir, lors d'une longue balade commune en pleine nature sauvage. Malgré quelques enchaînements de pages muettes et un peu sombres, manquant quelque peu de lisibilité, l'ouvrage alterne heureusement celles consacrées tout d'abord aux créatures fantastiques ; celles dévolues à l’un des Julys s'essayant à l'autonomie, et celles mettant en scène le père et le fils. Ces deux dernières étant sans doute les plus belles, où les dialogues laissent apparaître clairement le désir profond de l'auteur de parler de son parcours d'adulte, de sa relation paternelle, et de ses souvenirs d'enfance. Finalement, en comparaison, les Julys, avec leurs petites interrogations désuètes, font pâle figure face à ce trio échangeant, à distance, de vraies leçons de vie. Il y a du vécu, de l'émotion et le désir de transmettre - dont l'amour du dessin - dans cette longue marche pleine de hachures où l’on prend plaisir à se perdre. Hachures d’une vie, dans laquelle les petits êtres aux bonnets blancs ne sont qu'un (beau) prétexte.