L'histoire :
Les bras écartés, un homme choit du haut d’une falaise. Il vrille, tourne sur lui-même, enchaîne quelques jolis sauts périlleux, qui forcent l’admiration d’un jury olympique, placé en bas au niveau du plongeon dans une étendue d’eau. Pendant ce temps, en haut, un autre homme redresse le fauteuil roulant depuis lequel il a balancé son partenaire…
Un chasseur tient un cervidé dans le viseur de son fusil. Il hésite à appuyer sur la gâchette… puis ému par la majesté de l’animal, il se ravise et baisse son arme. Il est visiblement séduit. Bien des années plus tard, il se retrouve assis dans un canapé avec l’animal à ses côtés, tandis qu’un enfant auquel ont poussé des bois sur le crâne se tient devant eux…
Le pantalon sur les chevilles, un homme fait une crise cardiaque alors qu’il est assis sur la cuvette d’un WC en train de faire caca. Son épouse le découvre ainsi mort, assis sur les chiottes. Terrifiée, elle se sauve à toutes jambes… pour revenir avec une bombe de désodorisant, afin d’atténuer l’odeur infâme.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Derrière la prétention d’obédience très second degré de ce titre (mal inspiré), ne se révèle pas exactement la meilleure BD de gags en une planche du monde. Pour son premier album, Issa Boun met en place et se tient scrupuleusement à trois principes. Le premier est graphique : ses personnages ont tous des têtes patatoïdes basiques et blanches, leur environnement est épuré et la finition de la planche frôle parfois la fumisterie. Ce qui n’empêche pas ces personnages de montrer des émotions et ne révèle pas non plus les capacités artistiques de l’auteur. Car sur bien d’autres (trop rares) aspects, Issa Boun dévoile son talent en puissance. Second principe : tous les gags sont muets. Cet exercice classique, quoique difficile, est ici diversement compréhensible, étant donné les sujets abstraits auxquels l’auteur s’attaque souvent, de manière sous-jacente (le bien-être, les réseaux sociaux, l’enfance…). Troisième principe, et sans doute le plus agaçant : Issa Boun cherche ostensiblement à faire dans le trash, le scato, le sexuel ou le politiquement incorrect. Parfois, indépendamment de l’outrance recherchée, c’est franchement drôle. Hélas, c’est aussi trop souvent « forcé » ou gratuit. Une sélection préalable aurait été bénéfique… Espérons qu’elle aura lieu dans un prochain recueil de gags trashs, car le potentiel absurde et surprenant est bien là.