L'histoire :
Air Mail : Il y a d’abord, quelque part dans les collines boisées proches de Mason City (Iowa), 3 drôles de citoyens, un peu armés, qui en attendent un 4éme. Il y a, à St Paul (Minnesota) un directeur de quotidien impatient que ses journalistes fassent un papier sur la bande en cavale de Fletcher. Il y aussi un vieux trappeur qui ne fait plus sa toilette depuis longtemps et la belle Amélia Palmer qui s’aventure avec sa Studebacker sur une route sinueuse. Et puis aussi un gros orage et Clarence « Babel » Man, un pilote de l’aéropostale qui pourrait bien mettre tout le monde d’accord…
Dry Week End : Allez savoir s’il en a réellement besoin ou pas... mais Babel Man a choisi de se détendre à Miami, le temps d’un petit week end avec sa « Bella » Palmer. Mais il n’y a rien à faire : lorsqu’on est pilote, le vrombissement d’un hydravion rouge et blanc fait le même effet qu’une jolie paire de seins. Aussi ne tarde-t-il pas à faire la connaissance du pilote de ce beau joujou, au moment même où la voiture de quatre riches messieurs asperge d’une belle giclée d’huile son pantalon. Week end foutu ?
Country Fair Photo et Palmer Special Number One complétent cette intégrale de 196 pages.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un petit vol en piqué en compagnie de Clarence « Babel » Man permettra, au cours de quatre tribulations savoureusement réunies dans cette intégrale, d’effectuer une plongée dans l’Amérique de la Prohibition, de ses voyous à chapeau mou, de ses gros bonhommes à cigares et de ses belles poupées. Et puis aussi de découvrir, grâce à ce personnage central, ex-pilote de la première guerre reconverti dans l’aéropostale, les balbutiements de l’aviation. Parfaitement campé (le blouson de cuir comme seconde peau, la moustache fine de Clark Gable, la carapace machiste, le sang bouillonnant…) notre Babel Man se fera un devoir de nous embarquer dans quelques mouises plutôt bien collantes. De celles où les malfrats malchanceux (en affaire et en amour…), un chanteur de charme allergique au plomb, un gang aéronautique ou encore un mécano de génie lui permettront de jouer les gros bras malin-malin. Rien à redire s’agissant du décorum, ni de l’attraction exercée non seulement par le personnage central, mais aussi par les nombreux « seconds » rôles – et en particulier celui de la belle Palmer. On sent qu'Attilio Micheluzzi s’est réellement fait plaisir à mettre en mouvement ce petit monde dans l’Amérique des années 20. A l’inverse, il faut reconnaître que chacune des intrigues manque un peu d’épaisseur... mais surtout que le choix narratif et le découpage, pourtant particulièrement novateur et précurseur, en alourdissent la lisibilité. Idem pour le ton qui oscille entre humour, drame et action, sans que véritablement le second degré en soit clairement le moteur. Néanmoins, on se laissera faire plutôt facilement par cet univers au final attachant et laissant un petit goût de vieillot bien agréable. Une fois de plus, la partie graphique jouée par Micheluzzi est brillante, mise en valeur par un noir et blanc impeccablement maîtrisé et des cadrages audacieux, capables de porter une large gamme d’émotions.