L'histoire :
Cela fait 5 jours que l'Adventurer a quitté Honolulu pour rejoindre la Polynésie française. Tout va bien à bord, le Pacifique est presque aussi bienveillant que la Méditerranée par un jour de croisière. Mais un moussaillon, scrutant l'île de Tao Tao, un petit bout de verdure perdu dans l'immensité de l'océan, aperçoit des signaux lumineux provenant de son sommet. Du morse ! Cette île n'est pas sensée être habitée et le message est inquiétant : «B.A.N.D.I.T.S. S.U.R. I.L.E» ! Une information aussitôt transmise au Capitaine Erik, qui ne compte pas s'en laver les mains. Cap sur Tao Tao, ce qui provoque immédiatement une agitation suspecte sur la petite île...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En une page, le décor est planté et le lecteur immergé dans les eaux tropicales sur lesquelles voguent les matafs au cuir tanné par le soleil. Tao Tao, petit bout de terre perdu en plein Pacifique. Le Captain Erik et son fidèle équipage croisent à bord du cargo l'Adventurer, qui ne peut pas mieux porter son nom. Et voilà, ça sent le contrebandier à plein nez, les embrouilles et les règlements de compte, le tout arbitré par la Marine. Embarquement immédiat et promesse d'exotisme brut, tels que la BD italienne des années 70 le faisait régulièrement. Car ce récit date de 1972, mais il est surtout intemporel. Tout y est : l'élégance des dialogues, le découpage nerveux et le Noir et Blanc classieux d'Attilio Micheluzzi. Bien sûr, qui dit île, dit trésor. Et qui dit trésor, dit aussi course-poursuite. Ce sont donc tous les stéréotypes du genre qui sont ici réunis, pour le plus grand bonheur du lecteur. Ajoutez le caractère ardu des marins, et vous aurez sans doute bien du mal à ne pas rapprocher cette œuvre du mythique Corto. Mais qu'on ne s'y méprenne pas, le maître Hugo Pratt s'est lui même inspiré des récits qu'Attilio Micheluzzi a illustrés. C'est dire si c'est un gage de qualité, auquel ce volume n'échappe pas.