L'histoire :
Le tricheur : Dans un tripot perdu en Alaska, fin XIXème, une partie de poker tourne au vinaigre. Un homme en poignarde un autre, puis il prend la fuite dans la nuit. Le temps que les autres prospecteurs s’organisent, il est déjà loin. Mais il est seul, traqué et n’a aucune échappatoire à part l’immensité froide et sauvage du grand Nord. Cependant, un homme mystérieux lui propose son aide. Il s’appelle Uri Bram et lui propose de l’héberger dans sa cabane, dans un coin paumé et éloignée, le temps qu’il faudra. Il y a des réserves de nourriture suffisantes. L’homme trouve bien cette proposition plus que suspecte… mais il n’a guère d’autre choix que d’accepter…
Là où nos Chemins se séparent : Quatre prospecteurs d’or cohabitent sous une tente, dans la nuit polaire du grand Nord. Ils reçoivent la visite d’une jeune indienne amie, prénommée Sipsu. Elle leur annonce calmement que leur sorcier a trouvé la cause de la pénurie de gibier. Demain, il fera donc un sacrifice humain en la sacrifiant elle, la fille du chef. Les quatre hommes s’indignent, mais un seul est réellement prêt à agir pour empêcher cette folie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce nouveau recueil en noir et blanc réalisé par l’italien Pepe Vianello, ancien assistant d’Hugo Pratt, rend hommage au Grand Nord glacé et obscur de l’Alaska. La période est, bien entendu, celle des prospecteurs d’or, de la ruée vers le Klondike (toute fin du XIXème), où les bandits étaient légions et les mœurs archaïques des indiens encore vivaces. Deux histoires totalement indépendantes se suivent. Dans la première, un prospecteur aide un tricheur aux cartes à échapper à la justice, pour une raison qui demeure peu explicite. Un rapport tendu et ambigüe se noue entre les deux hommes, sans que le lecteur puisse s’enthousiasmer pour la finalité ou les ressorts narratifs. L’encrage noir et blanc faisant la part belle au décorum sauvage et enneigé demeure la principale plus-value. Dans la seconde, les intentions sont plus limpides : l’évasion de la jeune indienne Sipsu tient en haleine. Encore une fois, la gestion des clairs-obscurs bien marqués est la première raison de s’intéresser à l’ouvrage. Dans tous les cas, l’hommage à Pratt n’est jamais loin, tant par l’ambiance contemplative des aventures, la lenteur insufflée aux dialogues, que par le personnage de Hitchkok (le héros de la seconde histoire), qui ressemble pas mal à Corto…