L'histoire :
Porter le coup : Perdu dans les grandes plaines du Kansas, le trappeur Brad Sender observe de loin une poignée de soldats Yankee qui escortent un couple de paysans en charrette. Il les rejoint calmement, tandis que ces derniers demeurent sur leurs gardes. La région est en effet infestée de guerriers cheyennes, qui leur bloquent le passage de la Smokly Hill. Le lieutenant Yankee explique à Sander que les indiens ont déjà tué cinq de ses hommes, l'un après l'autre, comme s'ils avaient voulu s'amuser. Sander connaît bien les us et coutumes des cheyennes. Il fait mine de vouloir les aider, mais il ourdit en réalité une vengeance bien motivée concernant deux d'entre eux...
La règle du jeu : Pétri de courage, le jeune Tommy Orton travaille pour le Pony Express : il livre le courrier et les télégrammes aux pionniers installés dans des coins reculés du grand Ouest américain, derrière les lignes ennemies indiennes. Arrivé indemne à un relais, il impressionne de son sang froid les cow-boys ravis d'être ravitaillés. Il repart le lendemain à l'aube, emportant d'autres missives. On lui confie néanmoins cette fois deux objets précieux : une Bible et un fusil Sharp, une arme capable de tirer un bison à plus de trois miles de distance. Chemin faisant, il repense à sa fiancée, Sally, et s'aperçoit soudain qu'il est pris en chasse par des guerriers indiens. Il lance son cheval au galop, espérant les semer suffisamment pour pouvoir ensuite les dégommer à distance avec son fusil...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les éditions Mosquito poursuivent leur vénérable œuvre de réédition des westerns en BD réalisés par Paolo Eleuteri Serpieri dans les années 70 et 80 – avant que ce maître du réalisme italien ne devienne culte pour avoir dessiné sous tous les angles le fessier féerique de la post-apocalyptique Druuna. Deux histoires sont réunies dans ce luxueux recueil, toutes deux relatant une aventure tragique inscrite en lien avec les guerres indiennes : Porter le coup (de 1978) et La règle du jeu (1980). Dans les deux cas, le personnage central doit affronter les indiens, mus par des us et coutumes guerriers qui peuvent échapper à la logique des blancs. Dans les deux cas, l'issus pour eux est fatale, mais il en incombe essentiellement de la responsabilité des blancs. Bien menés, ces scénarios souffrent néanmoins un tantinet de leur âge : la narration est très « sage » et descriptive, selon des méthodes d'un temps passé. En revanche, ce qui ne peut vieillir, c'est le dessin noir et blanc de Serpieri, d'une précision encrée époustouflante. Ses portraits frayent avec le photo-réalisme, les chevauchées sauvages dans les grandes plaines transpirent d'héroïsme et font le plus beau des hommages au registre du western. Il est rarissime de retrouver cette veine d'excellence dans la bande dessinée moderne.