L'histoire :
En 1941, des ingénieurs et des chercheurs allemands construisent une machine à voyager dans le temps. Jugée trop dangereuse, cette invention est enterrée. Or en 1959, de Gaulle apprend son existence, l’exhume et la fait installer dans un laboratoire parisien. Mais avant même de la remettre en état, tous s’accordent pour circonscrire cette machine, qui menace vraiment l’équilibre du monde et l’intégrité même de l’espace-temps. Il faut attendre 1994 pour qu’un scientifique, Alexander Vergangenheit, la rachète aux enchères et lance une série de tests, après avoir réuni autour de lui une jeune équipe. La première à l’utiliser est Line Cordenard, qui remonte le temps plusieurs fois… Parmi l’équipe, les dubitatifs dont pourtant nombreux, qui pensent plutôt que Line a été victime d’hypnose. Certains songent à un habile canular. L’utilisation de la machine est une nouvelle fois abandonnée. L’été 2004, une jeune informaticienne de l’équipe revient dans la base située alors au nord de la Beauce pour investiguer sur le vrai du faux de ces voyages temporels. Elle est persuadée que la machine était fonctionnelle et les indices de délits d’initiés qu’elle découvre – des gains faramineux au loto, grâce aux numéros connus par avance – tentent à le prouver
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les conséquences infernales et les paradoxes à tiroirs des potentiels voyages dans le temps n’ont pas fini de faire tourner la tête aux créateurs. Dans cet épais album de 170 pages, qui se situe dans la suite directe de L’impossible Machine, Jean-Yves Dardel s’y met de manière quasi scientifique et comptable. Cette histoire se déroule à différentes époques, mais avec des personnages récurrents et parfois en double exemplaire : la Line jeune et la Line quinquagénaire cohabitent ainsi durant une longue séquence. Et tout du long de la narration qui évite toute action, les protagonistes passent leur temps à essayer de se prouver les uns les autres que la machine à voyager dans le temps fonctionne bel et bien. Et que des principes « éthiques » doivent absolument être respectés pour en limiter les conséquences désastreuses. Ainsi, les délits d’initiés sont interdits ; tout comme il est interdit à un double plus vieux de révéler à lui-même jeune les infos cruciales de sa vie intermédiaire. Cette mise en scène se borne aux palabres sur le sujet, interminables et sans cesse réitérés, et es derniers sont le sel de ce one-shot… qui en devient vraiment laborieux et lourd sur le plan narratif. Dardel n’a pas vraiment le sens de la rythmique séquentielle nécessaire à accrocher le lecteur. En revanche, son kif, c’est de planter ses personnages dans des décors architecturaux inventifs, néo-futuristes des années 60 ou des friches industrielles ou… ces étonnantes maisons du futur, empilées verticalement sur piliers, afin de limiter les emprises artificielles au sol (conformément aux lois environnementales !), comme en couverture. Les perspectives sont souvent intéressantes et vertigineuses, avec des colombes qui s’envolent en premier plan ( !?). Bien plus que les visages ou la psychologie toujours borderline des personnages, ces installations à la fois kitsch et avant-gardistes sont le principal intérêt de l’œuvre de cet auteur, avec une solution écologique venue du futur qui explique le titre.