L'histoire :
Trois femmes : A la fin du XIXème siècle, la vie sauvage des contrées situées dans l’Ouest américain commence à se stabiliser. Des hommes décident alors d’envoyer une diligence de femmes à Abilène, afin qu’elles deviennent les compagnes des courageux qui se sont établis dans ce patelin paumé. Parmi celles-ci, Angie a choisi de quitter le paternalisme despotique qui lui était imposé. Mais les convoyeurs sont rudes, et les rencontres plus qu’incertaines…
Un vieux peintre de l’ouest : Un chasseur de primes traverse à cheval une grande plaine de l’Ouest américain, à la recherche d’un pilleur de diligence appelé Track Stokie. Sur sa route, il croise un vieux peintre esseulé qui lui montre une pièce appartenant assurément au dernier butin. Le chasseur en déduit que Stokie s’est récemment fait tirer le portrait par le peintre. Il demande donc à l’artiste de lui dessiner son visage de mémoire, afin qu’il l’identifie…
L’homme qui n’avait pas de pouces : Angie se souvient de la manière dont elle a quitté sa morne vie chez les pionniers blancs, jusqu’à être assimilée au sein d’une tribu crow. Elle avait alors rencontré un cow-boy auquel il manquait les pouces des deux mains…
Le monstre : Deux cow-boys sont à la recherche de Jim et Sam, afin de les écorcher. Leur piste les mène jusqu’à un village mexicain niché à flanc de falaise. Il semble déserté et une odeur pestilentielle s’en dégage…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le monstre, tel qu’est titré cet album, ne correspond qu’à la 4ème et dernière (et très courte !) histoire de ce recueil d’historiettes se déroulant dans l’Ouest américain. Les deux premières (voir résumé) sont en noir et blanc, la 3ème en couleur, et la dernière dans une variation de teintes sépia, ocres et sanguines, en adéquation avec le registre d’horreur qui commence à poindre chez l’artiste italien Paolo Serpieri. Ces histoires ont en effet été réalisées entre 1979 et 1984 et son héroïne Druuna, qui évoluera dans un cadre de science-fiction horrifique et érotique n’est pas encore née. Du reste, Serpieri dénude volontiers ses femmes (dans la première et 3ème histoire), et rassasie déjà le lecteur mâle de magnifiques poitrines et fessiers, dont il fera bientôt sa spécialité. Pour autant, dans ces deux mêmes historiettes, on sent aussi poindre un fond de féminisme (avant-gardiste ?), à travers l’affranchissement que réclament ses héroïnes de la tutelle paternelle. Sur le plan des scénarii (l’auteur est italien, utilisons donc le pluriel italien…), la trame séquentielle des quatre histoires se montre cependant particulièrement peu fluide. Son scénariste R Ambrosio n’a pas eu de carrière notable et on comprend pourquoi. Un sentiment proportionnellement inverse se dégage du dessin réaliste toujours virtuose, que ce soit en noir et blanc ou en couleurs. Chevaux en action, costumes d’indiens, cow-boys crasseux, vastes espaces : sa restitution du western est parmi les plus réalistes qui soient. Le grand écart entre des scénariis poussifs et un dessin magistral porte à conseiller ce cinquième ouvrage réédité par Mosquito aux inconditionnels des westerns ou de Serpieri.