L'histoire :
Jonathan Struppy vit seul dans un phare. De génération en génération, sa lignée a vécu avec la mer. Il est le seul à ne pas avoir navigué et à être resté sur la terre ferme. Pire : il n'a aucun enfant pour assurer sa descendance. Avec le temps qui passe, il sent que sa vie s'éteint petit à petit. Il ne lui reste plus que ce vieux phare et des souvenirs de sa famille aventurière. Sa bibliothèque est garnie de livres qui racontent les voyages et hauts faits de ses ancêtres. Il a lu et relu toutes ces anecdotes et autobiographies. Parmi tous ces récits, un seul lui échappe encore. C'est celui de Jérémy, car son œuvre est inachevée. Jonathan se replonge une énième fois dans la lecture du livre et finit par relire les dernières pages. Jérémy raconte comment son baleinier et son équipage se sont perdus au large des terres arctiques. Le mystère du Rugissement du Diable a emporté son secret pour toujours. Pourtant, un évènement incroyable a lieu. Jonathan voit son ancêtre apparaître devant ses yeux habillé de son costume de l'époque. La vision est brève mais spectaculaire. Jonathan, médusé, reprend le cours de sa lecture. Il se rend compte que, comme par magie, le livre est désormais terminé...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Joan Boix aime toujours surprendre et emprunter des chemins de traverse originaux. Après un album sur un clochard héros de récits policiers, il raconte la solitude d'un vieillard qui finit sa vie dans un phare. Quelque part, les deux albums ont pas mal de points communs et notamment sur la mise en forme où l'histoire se divise encore en mini-récits. Cette fois, cependant, l'auteur complet propose le souffle de la grande aventure, celle qui fait rêver tout mortel et enfant qui soit : l'attrait de la mer ! En abordant la vie des ancêtres du personnage, chaque saynète profite de ce prétexte pour voyager dans le temps, des temps antiques jusqu'au XVIIème siècle en passant par le Moyen-Âge. Qui dit mer dit pirate, bien entendu, mais aussi d'autres légendes plus sombres. Les récits se parent en effet à chaque fois d'un aspect fantastique effrayant où les monstres, les fantômes ou les squelettes envahissent la réalité. Un peu comme le roman d'Edgar Allan Poe, Les aventures d'Arthur Gordon Pym, le mélange d'aventure classique et fantastique est détonant. Les chutes sont par contre souvent prévisibles et bien moins fortes. Pour nous emmener dans cet univers si particulier, il fallait un dessin de haut vol. À ce titre, Boix s'illustre de fort belle manière avec un noir et blanc impressionnant de vie et de beauté. Les rochers et la mer sont d'une puissance folle, les aventuriers d'une noblesse fascinante et les scènes d'horreur glacent le sang. La mer a trouvé son maître avec les crayons de Boix. « Et yo-ho-ho ! Une bouteille de rhum ! »