L'histoire :
Le sergent Kenneth Keller, de la police montée canadienne, discute dans une taverne de Batoche avec Sam, un vieil écossais unijambiste, tandis que le blizzard fait fureur à l’extérieur. Tous deux s’inquiètent du départ de Cholena, la fille métisse de Sam, retournée dans la tribu de sa mère. Elle est la seule famille de Sam. Keller accepte donc de partir à sa recherche, d’autant qu’il piste un disciple de Riel, récemment pendu, un illuminé qui aurait été aperçu dans le même secteur que Cholena. Keller enfourche son cheval et traverse le blizzard, en route vers la paisible tribu des nakotas. L’oncle indien de la jeune femme lui indique alors que sa nièce est partie en direction de « Detroit du bœuf », entre les deux lacs, accompagnée d’une famille de métis dans une charrette. Malgré les conditions météorologiques drastiques, Keller poursuit donc sa route. Il fait étape chez un trappeur isolé, Jacques Lamontagne qui lui offre le gîte d’une nuit, ainsi qu’une paire de raquettes pour évoluer dans les congères, à défaut d’une meute de chiens de traineaux. C’est ainsi que Keller continue sa route, et qu’il est tout proche de Cholena au moment où elle est agressée par une bande de sales types. Alerté par les coups de feu, il se presse en leur direction…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce western autonome peut se lire comme un one-shot, mais il fait en quelque sorte suite au précédent Le chemin du couchant, déjà scénarisé par François Corteggiani et dessiné par l’italien Sergio Tisseli. Du reste, on retrouve le personnage central du sergent Keller, un ranger canadien qui se lance dans une nouvelle chasse à l’homme – en compagnie d’une jeune femme métisse. Leur traque les amène à suivre la piste d’illuminés de la pire espèce, et pour cause : leurs yeux injectés de rouge prouvent qu’ils sont sous l’emprise de substances hallucinogènes, qui les déshumanisent et les poussent à commettre des atrocités. A l’instar du film Jeremiah Johnson ou des récits de Jack London (Faire un feu), le contexte ultra hivernal offre à Tisseli de pouvoir maculer ses cases de congères et de taches blanches (les flocons de neige), jusqu’à saturation. De fait, une nouvelle fois, rares sont les panoramas ébouriffants sur les grands paysages canadiens, qui offriraient pourtant une sacrée plus-value à l’aventure. Cela dit, son style au lavis et pastels complète un joli dessin réaliste entre le rough appliqué et l’expressionnisme, majoritairement cadré dans des sous-bois ténébreux, en parfaite adéquation avec le ton crépusculaire du contexte. Autre regret : la couverture est une simple reprise zoomée d’une case (au moins 3x, du bas de la p.11), peu représentative de l’histoire.