L'histoire :
Second guerre mondiale. Giovanni est alité à l'hôpital. Il nous parle par le biais d'une voix off, car on ne verra jamais son visage du moment, lui qui est salement atteint, fraîchement descendu de la réanimation. Ses élucubrations de patient dont les pensées sont embrumées par les médicaments alternent avec son souvenir des épisodes qui l'ont amené ici. Lui, jeune marin de la marine italienne fasciste, sur un bateau de guerre bombardé par les Américains, a vécu des horreurs. Légèrement blessé, il a été affecté dans un petit village de la côte, comme cuisinier à bord d'un paquebot ancré non loin. Ce magnifique bateau de luxe n'ayant pas pu encore être livré, est camouflé de l'ennemi en navire hôpital en attendant des jours meilleurs. A son bord, une drôle de vie s'est organisée autour de seulement cinq autres matelots, dont le commandant. Et Giovanni n'est pas au bout de ses surprises...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Walter Chendi nous cueille dès la couverture, avec un dessin à l'encrage et aux couleurs éthérées, montrant un style peu commun, même si plus familier aux lecteurs du catalogue Mosquito. L'intérieur est maîtrisé, la mise en page aérée et, si l'on constate une technique numérique, le dessinateur sait rester dans un savant mélange de Classicisme et de modernisme. On pense à Arno, à Giardino, avec une touche à la Dolce vita pourtant typiquement italienne, sans doute accentuée par la douceur de la colorisation. Sur le plan du scénario, l'auteur fait preuve d'une grande aisance, lui qui s'est apparemment servi librement des états de service de son propre père, en construisant un récit en question-réponse, passant d'un présent angoissant et morbide, à une intrigue « passée » mêlant aventure, ambiances fantastiques et découverte amoureuse. On ne s'ennuie à aucun moment au long de cet inhabituel épais album, original et traité avec brio, qui ferait une superbe adaptation cinématographique. Captivant, beau et émouvant.