L'histoire :
Le 7 décembre 1936, le poste de contrôle de Dakar reçoit un dernier message en provenance de l’hydravion que pilote Jean Mermoz : « Nous coupons le moteur arrière droit ». Puis le grand silence : l’aviateur a disparu en mer, emportant avec lui les causes de son accident. Il était né en 1903 et avait éduqué par une mère célibataire. C’est lors de son service militaire, au sortir de la première guerre mondiale qu’il approche pour la première fois, avec une certaine fascination, les avions. Il apprend à piloter, crashe deux appareils durant son instruction et finit par décrocher son brevet le 29 juillet 1921. Il est alors muté à Metz pour quelques mois dans un régiment pénible… avant de rejoindre l’orient : Beyrouth, puis Palmyre, en Syrie, en décembre 1921. Il se charge alors souvent du ravitaillement aérien de la garnison et des missions difficiles. Car la région est en proie à d’incessantes guérillas bédouines. En mars 1922, il se perd dans le désert avec son appareil et à cours de carburant, finit par se poser entre deux tribus de bédouins, l’une amicale, l’autre hostile. Son mécano parvient à rapporter de l’essence au bout de 5 jours. Ils repartent, pour se perdre encore mieux quelques heures plus tard. Débute alors une épuisante traversée du désert, sous un soleil de plomb…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est en 1987 qu’Attilio Micheluzzi publie pour la première fois cette biographie détaillée d’un des grands héros de l’aviation : Jean Mermoz. Aujourd’hui, profitant de leur rétrospective générale sur l’œuvre de cet auteur italien, les éditions Mosquito remettent au goût du jour l’ouvrage, à travers une nouvelle maquette classieuse de rigueur. De sa naissance à sa mort mystérieuse, vous saurez dès lors tout, par le menu, de la passion de Mermoz pour les coucous volants, son aversion pour la chose militaire, sa mauvaise vie, son courage, ses engagements politiques, sa dévotion pour l’aéropostale, ses coups de génie, ses coups de folie… Car du nord de l’Afrique à la Cordillère des Andes, le pilote a vécu des aventures incroyables, pour ne pas dire prodigieuses, et pourtant authentiques. Pour cette œuvre, Micheluzzi est doublement inspiré : d’une part par un bouquin de Joseph Kessel consacré à Mermoz ; et d’autre part par l’héritage paternel d’une déférence à l’égard de cette légende de l’aéronautique. Pour autant, toute extraordinaire qu’ait été la vie de Mermoz, Micheluzzi la déroule de manière on ne peut plus linéaire, sans autre astuce d’art séquentiel que son talent pur de dessinateur. L’encrage noir et blanc de ce maître du réalisme, d’une grande précision, avec ses géniaux clair-obscur, est évidemment somptueux. Néanmoins la narration se fait quasi exclusivement en descriptifs encadrés (ou singulièrement dialogués), à l’écriture bavarde et littéraire, comme s’agissant d’une biographie illustrée. Il était sans doute difficile de faire autrement en étant aussi exhaustif, mais l’investissement intellectuel que réclament ces 96 planches magnifiques la réserve à un lectorat averti…