L'histoire :
Eloïse arrive en Toscane par un chemin sinueux qui doit l’emmener jusqu’au palais de son nouvel employeur, le comte Vincenzo. La demeure se trouve à proximité du village de San Diavolo, une cité médiévale en ruine, au passé riche, mais entachée par de nombreux drames et luttes intestines. Arrivée aux portes du somptueux domaine, la nouvelle femme de chambre fait connaissance avec celle qui semble hanter les lieux : Sainte Délia. Son blason orne le fronton du donjon et son imposant tombeau trône au milieu de l’étang qui agrémente les jardins. Les traits de cette femme lui semblent étrangement familiers… Eloïse est ensuite accueillie par l’abbé Trincia, le secrétaire du comte qui lui présente son travail en insistant sur le fait qu’elle ne doit jamais pénétrer dans la chambre du maitre des lieux. Ce dernier est d’ailleurs, pour l’heure, absent et doit rentrer de Bruges tard dans la nuit. Avant de lui donner congés, pour un repos mérité, l’ecclésiastique lui interdit formellement de visiter les ruines de l’ancienne cité : la précédente soubrette s’y est aventurée une nuit et personne ne la jamais revue. Rien de tel pour attiser la curiosité d’Eloïse. D’autant plus qu’à la nuit tombée, à l’arrivée du comte, elle assiste à un étrange balai…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A travers ce Puzzle gothique, François Déflandre nous démontre qu’il sait parfaitement se jouer des ambiances et mener son lecteur par le bout des yeux. Dans ce récit, la force graphique supplée la trame de fond. Aussi, inutile de tourner autour du pot : c’est réellement le dessin qui emballe le produit pour une intrigue qui ne harponne que par son atmosphère mystérieuse et tendue. A regret, en effet, le scénario ne parvient pas à boucler le récit à la hauteur de nos envies. Des mystères qui entourent la légende de Sainte Délia aux agissements étranges du comte toscan et de son abbé, en passant par l’envouteuse cité médiévale : tout est là qui frémit d’impatience à nous laisser pantois. Cependant, très rapidement l’ensemble est balayé, brusquement servi pour un bouclage certes cohérent, mais manquant d’épices et peu surprenant. A l’inverse, le dessinateur se révèle particulièrement percutant pour un trait inventif et osé, au point parfois même de déstabiliser. L’alternance judicieuse de tons chauds et froids, les pointes d’érotisme voulues, l’utilisation jouissive de la planche avec d’astucieuses trouvailles (« cases » intégrées dans le trou d’une serrure lorsque le lecteur joue les voyeurs et pénètre dans l’intimité de l’héroïne par exemple). Le découpage ou les nombreuses incursions de plans cinématographiques se révèlent plutôt efficaces et véritables catalyseurs d’atmosphère. Au-delà de cette ambiance parfaitement installée, le bas blesse légèrement, un peu comme si la trame scénaristique ne permettait qu’une mise en valeur du dessin.