L'histoire :
1937, au Nord Est du Brésil, dans le Sertão. Le Rédempteur conduit une troupe de rebelles, les cangaceiros. Ils refusent leur misérable condition et vivent de larcins et trafics, dans cette région aride livrée à la toute puissance des propriétaires et du gouvernement. Cela fait plusieurs années qu'il tient tête aux autorités locales. Les paysans le protègent, certains même le vénèrent, car il ne vole qu'aux riches et redistribue aux villages une partie de son butin. Les autorités le soupçonnent même d'armer des populations locales. Le Rédempteur est une légende vivante. On dit aussi qu'il détient un fabuleux trésor. Alors, lui comme l'or qu''il détient vont devenir l'objet de bien des convoitises. Mais son compagnon, Jose Alvino, un livreur de marchandises, décide de lever le camp. Sa femme a eu une vision et elle dit que la Mort s'approche... Le destin pourrait bien lui donner raison, puisqu'un homme vient de vendre Le Rédempteur. Ezequiel veut conclure un pacte avec l'inspecteur Da Silva : il lui dit où se cachent le Rédempteur et ses hommes et c'est la moitié du trésor qui lui reviendra...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Lele Vianello est à la fois disciple et héritier d'Hugo Pratt, qui le prit sous sa coupe. Il devint son ami, puis son assistant, commençant à travailler sur Les Scorpions du désert. Alors il est légitime à évoluer clairement dans le monde du père de Corto et cet album est évidemment un hommage à L'Homme du Sertao. Alors pour savourer ce type d'album, où le trait est plus qu'inspiré par Pratt, il faut, aussi curieux que cela puisse paraître, s'en détacher le plus possible, car l'écriture s'avère plus sèche, voire crue. Ici, les personnages ne sont pas emprunts d'un mysticisme nébuleux ou chargés d'une quelconque aura romantique. Dans ce Sertão, on fuit, on transpire, on complote et on tue. On trahit et on aime. Si les dialogues n'ont donc pas les mêmes qualités littéraires, ils s'avèrent néanmoins réussis, puisqu'ils donnent corps et âme à trois personnages qui seront les jalons de cette histoire. Une histoire qu'on traverse comme le sort s'abat consécutivement les uns sur les autres. Pas le temps de lambiner. Vianello montre tout de même un grand talent de scénariste en concoctant une histoire sans temps mort, dont la conclusion est aussi sèche que belle et ouverte. Le pari de Lele Vianello est donc entièrement réussi, car il se réapproprie les thèmes de l'album dont il se fait écho : l'amour, la convoitise, la violence et la mort.