L'histoire :
Spray est un enfant. Et comme tous les enfants, ce petit bout d’homme rêve de voler. Malheureusement, son premier vol sera un vol plané après avoir été éjecté de la voiture de ses défunts parents, suite à un terrible accident de la route. C’est un camionneur qui le découvrira en contrebas de la chaussée, étalé dans un petit ruisseau, littéralement choqué par la violence de l’accident. Le routier décide alors de prendre Spray sous son aile et de l’amener à Montréal. Arrivé sur place, il le dépose non loin d’un bar à stripteases tenu par Blanche. Cette dernière décide alors de l’héberger dans son bouiboui, à charge pour Spray de réaliser les nombreuses tâches ingrates du bar. Mais Spray est un enfant qui aime l’aventure. Ses sorties dans les rues de Montréal se terminent souvent en courses-poursuites avec des skinheads. Lassée par le comportement déviant de Spray et ses nombreuses maladresses, Blanche décide de le vendre à une bande de bikers dont il devient à la fois larbin et tatoueur. Une nuit, Spray parvient enfin à fausser compagnie à ses geôliers et compte bien réaliser son rêve : taguer la ville !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir réalisé quelques publications dans les pages de Metal Hurlant dans les années 1980 et créé sa bande-dessinée Atlantic City en 1981, Cédric Loth s’est ensuite lancé dans une carrière artistique remarquable et remarquée, notamment dans des agences publicitaires. Mais on ne résiste pas à l’appel de ses primes amourettes ! Ainsi, 38 ans après son premier album, le sieur Loth est aujourd’hui de retour avec une seconde BD dans sa besace : Spray. Et même si on sent que l’artiste a gardé une sacrée patte et que ses dessins sont marquants, il faut bien avouer que l’histoire du jeune Spray est assez difficile à suivre, tant ça part dans tous les sens. En effet, on a du mal à appréhender le liant entre l’enchaînement des situations ou bien l’arrivée des personnages... On sent que Cédric Loth prend un malin plaisir à volontairement télescoper les choses autour de Spray, mais force est de constater qu’on s’y perd un peu ! De plus, malgré un talent indéniable et un savoir-faire qui n’est plus à démontrer, certaines mises en scène sont difficilement lisibles. Tant et si bien qu’il faut parfois y regarder à deux fois avant de comprendre la planche. Même si on sent que cette approche artistique a été sciemment pensée, il n’en reste pas moins que ce manque de lisibilité ne permet pas au lecteur de rentrer totalement dans cette bande-dessinée. Cependant, tout n’est pas à jeter ici : Cédric Loth a su développer pas mal de bonnes idées et auréoler le tout d’une noire poésie. Ainsi, les ambiances sombres apportent énormément de relief à l’ensemble et permettent à ce roman graphique de sortir des sentiers battus. Au final, Spray fait montre d’une originalité parfaitement assumée ; et malgré le fait que cette BD soit pétrie de bonnes intentions, le rendu est malheureusement beaucoup trop décousu... et ça c’est bien dommage, tabernac’ !